Logo Lamed.frhttp://www.aish.comAccueil Lamed.fr
...
.

Société et Travail

.
...
...
.

Soutenez-nous

.
...
Société et Travail / Philosophie back  Retour

Les 13 articles de foi - article 5

Les racines de l’idolâtrie et du libre arbitre.
D’après une série de conférences prononcées par le Rabbin Ya‘aqov Weinberg, de mémoire bénie.

"Le Saint béni soit-Il est le seul qu’il soit approprié d’adorer, de louer, le seul dont on doive faire connaître la splendeur et exécuter les commandements. Ce service n’est dû à aucune entité qui Lui soit subordonnée, qu’il s’agisse des anges, des étoiles, des planètes, ou de ce qui les compose. Car leur activité est programmée. Ils n’ont aucun pouvoir propre et ils n’ont d’autre possibilité que d’exécuter Sa volonté. C’est pourquoi il est inconvenant de les servir pour se rapprocher de D.ieu. C’est vers le Tout-puissant, et vers lui seul, que nous devons diriger nos pensées, en abandonnant tout autre que Lui. C’est le cinquième article de foi, qui nous met en garde contre l’idolâtrie, comme affirmé partout dans la Torah."

Les 13 articles de foi de Maïmonide

QUI EXERCE LE POUVOIR ?

Pour comprendre le cinquième article de foi, concernant l’adoration exclusive du Tout-puissant, il est important de distinguer entre celui dont émane le pouvoir et celui qui l’exerce. Pour un esprit sensé, l’idée d’idolâtrie ne se conçoit pas en termes de source du pouvoir, mais en termes d’exercice de celui-ci.

La hiérarchie militaire est un bon moyen de comprendre cette différence. Un gradé exerce un pouvoir, mais il se situe tout au bas de l’échelle en termes de source de ce pouvoir. Il ne détient son autorité que par délégation du chef de l’Etat, chef suprême des armées. Et ce dernier, tout en étant la source du pouvoir, n’en est pas le détenteur aux yeux du militaire de base.

L’idolâtrie s’intéresse généralement au détenteur du pouvoir, et non à sa Source.

Il importe peu au simple soldat à quelle distance se trouve le gradé par rapport à la source du pouvoir. Dès lors que celui-ci décide de l’octroi des permissions de weekend, des diverses tâches à accomplir, c’est à son chef direct que le soldat doit obéissance. C’est ce chef qui détient le pouvoir, tandis que le chef de l’Etat en est la source. Il est indifférent au militaire de savoir de qui son chef tient son autorité, il se contente de lui obéir.

 

UN DIEU A L’IMAGE DE L’HOMME

 

De la même manière, les idolâtres s’intéressent généralement au détenteur du pouvoir et non à sa Source. Pour eux, l’objet de leur adoration n’est ni la source de leur existence, ni celle de leur bien-être. Ils ont compris qu’il y avait en fin de compte une divinité qui était la source de leur existence, mais ils ont cru qu’elle avait délégué son pouvoir à peu près de la même façon qu’un chef suprême des armées délègue le sien à un sous-officier. Dans cette situation, l’homme croit en un dieu qui a transmis son autorité pour pouvoir se concentrer, si l’on peut dire, sur des enjeux plus élevés. De cette façon, lorsque l’homme crée sa propre image de Dieu, il crée inévitablement un dieu à l’image de l’homme.

Comme l’explique le Rambam (Michné Torah, Hilkhoth ‘Avoda zara 1, 1), les hommes ont cru jadis que D.ieu était la seule Source de pouvoir. Malheureusement, la génération d’Enoch a commencé de raisonner pour considérer finalement que, puisque D.ieu a créé des corps célestes et les a placés dans le firmament, c’était évidemment Sa volonté que l’homme les honore. Au début, ces gens ont compris que les corps célestes n’avaient aucun pouvoir qui leur fût propre, mais parce qu’ils ont cru que D.ieu les avait destinés à être adorés, l’humanité a déchu dans la croyance que l’attribution de cet honneur signifiait que ces corps détenaient vraiment un pouvoir.

POUVOIR ET LIBERTE

Les termes employés par le Rambam rendent tout à fait explicite ce rapport entre le pouvoir et la liberté de choix : " [D.ieu] est le seul qu’il convient d’adorer et de louer, le seul dont on doit faire connaître la splendeur et accomplir les commandements. On ne doit faire cela à aucune entité qui Lui soit subordonnée, qu’il s’agisse des anges, des étoiles, des planètes, ou de ce qui les compose. Car leur activité est programmée. Ils n’ont aucun pouvoir propre et ils n’ont d’autre possibilité que d’exécuter Sa volonté " (Rambam, Commentaire sur la Michna Sanhédrin 10, 1)

Demander aux anges de transmettre nos prières à D.ieu est de l’idolâtrie.

Nulle autre créature que l’homme ne possède le libre arbitre. Toutes les autres sont « programmées ». Leur demander quoi que ce soit démontre qu’on leur attribue un pouvoir, ce qui est l’essence de l’idolâtrie. Demander les anges de transmettre nos prières à D.ieu, en leur attribuant le pouvoir de faire droit ou non à notre supplication, c’est de l’idolâtrie. De même constitue une forme d’idolâtrie la demande adressée à un ange de nous bénir, avec l’arrière-pensée qu’il a le choix de le faire ou de s’en abstenir.

Constitue une forme d’idolâtrie l’attribution à n’importe quel intermédiaire d’un pouvoir ou du libre arbitre. Il en est ainsi notamment si l’on adjure les anges de porter nos prières à D.ieu. Voilà pourquoi le Maharal et Rav ‘Hayim de Volozhin (Kéter roch, N° 93) se sont opposés à ceque l’on chante, le vendredi soir, la strophe de Barkhouni le-chalom, car elle constitue un appel adressé aux anges de nous bénir.

Ceux qui chantent ce texte le Chabbath envisagent une situation dans laquelle les anges devront les bénir. Le Talmud rapporte que chaque individu, lorsqu’il rentre chez lui le vendredi soir après les prières à la synagogue, est accompagné de deux anges (Chabbath 119b). Si, au moment où ils entrent dans sa maison, ces anges trouvent la table dressée pour le repas du Chabbath, ils sont tenus de bénir la maison en lui souhaitant que cette joie et ces préparatifs se renouvellent la semaine suivante. C’est pour que se réalise cette promesse que l’on doit prier.)
Le Tout-puissant assigne aux anges des tâches qui ne méritent pas d’être accomplies directement par Lui. Ils ressemblent aux robots mécaniques employés pour la fabrication d’automobiles dans une chaîne de montage, et ils sont les moyens pour D.ieu de garder Ses distances avec ceux qui n’ont pas mérité Son intimité directe.

Si le libre arbitre de l’homme ne produit aucun effet sur un homme parfaitement juste, il lui arrive d’affecter ceux qui ne le sont pas tout à fait.

Seuls D.ieu et l’homme ont le libre arbitre. Pour cette raison, on ne peut pas se prosterner devant un ange, mais on peut saluer un homme. On peut, par exemple, prier un médecin de prendre quelqu’un comme patient puisqu’il a la possibilité de le refuser. C’est ainsi que David a gémi : « Puissions-nous tomber dans les mains de D.ieu, car Ses compassions sont grandes, et que je ne tombe pas dans les mains des hommes ! » (II Samuel 24, 14). Si le libre arbitre de l’homme ne produit aucun effet sur un homme parfaitement juste, il lui arrive d’affecter ceux qui ne le sont pas tout à fait. Les critères qui incitent le Tout-puissant à ne pas intervenir pour empêcher les actions de l’homme diffèrent de ceux qui L’incitent à le punir. Dans une situation où Sa " patience " donnerait à quelqu’un le temps de se repentir et de réparer ses voies, Il peut décider de ne pas intervenir pour le protéger du mal potentiel causé par son prochain.

D’autre part, bien que « tout soit dans les mains de D.ieu » (Berakhoth 33b), l’homme peut exercer une influence sur la façon par laquelle D.ieu récompense et punit. Cette situation démontre que l’homme dispose d’un pouvoir. Nous voyons la manifestation de ce pouvoir avec Abraham. D.ieu « est descendu » (Genèse 18, 21) pour le consulter sur Son projet de destruction de Sodome, lui donnant ainsi une chance d’influencer le Jugement divin. En ayant ce pouvoir d’influencer, l’homme partage le titre de « elohim » avec le Tout-puissant (Rachi sur Exode 22, 7). Parce qu’il a cette influence, il est le seul produit de la Création à pouvoir être suborné par des cadeaux, de l’argent, ou du pouvoir. Le pouvoir que possède l’homme et toutes ses ramifications résultent de la réalité de son libre arbitre.

L’EXERCICE DU LIBRE ARBITRE – MÊME EN LE NIANT

Le libre arbitre de l’homme est le fondement de la Torah. Le Rambam examine en détail le concept du libre arbitre dans les Hilkhoth techouva (Ch. 5) du Michné Torah. Il ne fait cependant partie d’aucun des articles de foi.

Apparemment, le Rambam estime qu’il n’est pas nécessaire à l’homme d’être conscient du fait qu’il possède le libre arbitre quand il exécute des mitswoth. On n’a pas besoin de cette conscience pour être un Juif pratiquant.

Les philosophes qui débattent s’il existe ou non un libre arbitre ne font que se livrer à de pures spéculations intellectuelles, dit le Rambam. En même temps qu’ils en débattent, ils prennent des décisions et opèrent des choix. Ils peuvent envisager toutes les possibilités quant à savoir si vraiment ils font un choix, mais le fait demeure qu’ils utilisent leur libre arbitre. Ils réagissent au monde comme s’ils l’avaient ; ils se fâchent contre ceux qui leur font du mal et sont reconnaissants envers ceux qui leur plaisent ; ils ne voteront pour personne dont ils pensent qu’il est mauvais ou corrompu ; ils dénoncent Hitler bien que, sans libre arbitre, il n’y ait aucune différence entre Hitler et Mère Térésa.

Dans chaque circonstances de leurs vies ils exercent et reconnaissent le libre arbitre, même s’ils nient qu’ils le font.

Puisque la capacité d’utiliser notre libre arbitre nous appartient instinctivement, comme illustré ci-dessus, il n’est pas besoin de l’inclure comme un article de foi supplémentaire. L’intention du Rambam était de compter seulement ceux des principes dont la connaissance et la conscience sont absolument nécessaires pour s’unir à la Torah. L’utilisation de ces principes n’est pas instinctive, contrairement au libre arbitre de l’homme. Néanmoins, le Rambam examine le concept de libre arbitre dans le Michné Torah pour nous inciter à ne pas faire le jeu de ceux qui essayent de le nier et à ne pas nous associer à ces éléments destructeurs de la société dont le projet caché implique la représentation d’un univers mécanique où tous les événements sont causés et conditionnés d’avance. L’idée d’un tel univers consiste essentiellement à dénier à l’homme toute responsabilité, ce qui explique pourquoi des gens apparemment intelligents sont portés à se livrer à de telles fantaisies.

LE GRAND CADEAU DE D.IEU

Le concept de libre arbitre est important et très profond. Sans lui n’existerait que le pouvoir du Créateur et, en conséquence, l’univers entier serait impuissant et passif. En donnant à l’homme le libre arbitre, D.ieu l’a doté d’un pouvoir grâce auquel il existe deux forces dans l’univers. Grâce à cette prérogative, il est devenu possible de réaliser une alliance entre le Créateur et Sa création. Il est devenu possible d’avoir des commandements et un rapport avec D.ieu, commandements et rapport qui seraient sans signification s’il n’existait le libre arbitre de l’homme. Nous ne disposons du libre arbitre que parce que D.ieu nous accorde ce magnifique cadeau.

L’immense paradoxe de l’existence est constitué par l’indépendance que le Tout-puissant accorde à une créature totalement dépendante.

Cependant, à l’examen de l’histoire de Pharaon en Egypte (Exode 1 à 14), nous constatons que, de même qu’Il accorde à l’homme ce libre arbitre, Il peut aussi le lui dénier quand il ne le mérite plus. A cause du mal que le Pharaon avait commis, D.ieu " a endurci son cœur ", le privant ainsi de son libre arbitre pour l’utiliser comme un simple pion dans l’histoire (Rambam, Michné Torah, Hilkhoth techouva 6, 3).

L’immense paradoxe de l’existence est constitué par l’indépendance que le Tout-puissant accorde à une créature totalement dépendante. Ce cadeau représente l’immense bonté dont parlent les Sages quand ils décrivent comment le Tout-puissant donne à l’homme la force et l’intelligence de se rebeller contre Lui. C’est comme si un gouvernement fournissait à des rebelles des armes à feu, des munitions, des vêtements et des vivres avec lesquels ils continueraient de s’opposer à lui. Le don du libre arbitre est un pareil acte de bonté, parce que, s’il ne pouvait se rebeller, l’homme ne pourrait jamais se rapprocher de son Créateur. Une alliance, un traité nécessitent la participation des deux parties. Ils ne peuvent jamais être unilatéraux. La spécificité du peuple juif, la relation qui est basée sur une alliance entre les enfants d’Israël et D.ieu, ne seraient pas possibles sans libre arbitre. Cette relation, qui était le but de Création, et ce plaisir – le plus grand de tous les plaisirs – seraient déniés à l’homme.

Vouloir attribuer le libre arbitre à toute autre créature amène inévitablement à l’idolâtrie. Si l’on en venait à croire qu’un ange a le choix d’octroyer ou non une faveur, on serait tenté, après l’avoir supplié, de lui apporter un cadeau pour le persuader. C’est pourquoi, déclare le Rambam, cet article qui veut que nous n’adorions que D.ieu est soutenu par toutes les mises en garde contre l’idolâtrie contenues dans la Torah.

Cet article est un extrait de : Fundamentals and Faith : Insights into the Rambam’s 13 Principles, du Rabbin Mordekhaï Blumenfeld.

Traduction et adaptation par Jacques KOHN

 

Série "Les 13 articles de Foi de Maimonide"
 
 
article 4 Ex Nihilo
article 6 Prophétie

 

 



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Mordechaï BLUMENFELD
  Liens vers les articles du même auteur (11 articles)


Emettre un commentaire
 Nom
 Prénom
 Email *
 Masquer mon email ?
Oui  Non
 Sujet
 Description (700 caractères max) *
 * Champs obligatoires
...
.

Outils

MODIFIER LA TAILLE DU TEXTE
.
...
...
.

Et aussi...

.
...