D’après une série de conférences prononcées par le Rabbin Ya‘aqov Weinberg, de mémoire bénie.
Nous croyons que cette Cause première, à savoir D.ieu, est unique. Elle n’est pas comme l’unicité d’ une paire, ni comme l’unicité d’une espèce, ni comme l’homme, dont l’unicité complexe peut être divisée dans beaucoup d’autres unités, ni comme l’unité d’un corps simple, qui forme un tout mais qui peut être divisé et morcelé sans fin. En réalité, Il présente une unicité à laquelle ne ressemble aucune autre. C’est ce qu’affirme le deuxième article de foi, comme enseigné par le verset (Deutéronome 6, 4) : « Ecoute, Israël, D.ieu est notre Dieu, D.ieu est Un. »
Les 13 articles de foi de Maïmonide
EXISTENCE CONTRE UNITE
Le deuxième principe de Maïmonide nous invite à « croire que cette Cause première D.ieu est Un », et à considérer Son unité comme la seule source de puissance. Cette Unicité est absolue et unique, elle ne supporte aucune comparaison.
Les deux premiers principes sont en réalité deux des 613 commandements de la Tora :
1. Reconnaître l’existence de D.ieu (Maïmonide, Michné Tora, Hilkhoth yessodei ha Tora 1, 1 à 6) et :
2. Reconnaître l’unité de D.ieu (ibid. 1, 7).
La succession de ces deux commandements présente une difficulté. Comment peut on accomplir le premier d’entre eux la reconnaissance de l’existence de D.ieu sans avoir conscience de Son Unité, le second ? La notion même d’un Créateur est basée, par définition, sur la réalité de Son Unicité. La logique nécessaire de cette idée a été clairement exprimée dans le premier principe, qui a souligné que l’existence de D.ieu signifie Son existence absolue, car Il est la seule Source de toute réalité.
Il semble clair pour Maïmonide qu’un aspect de la connaissance de D.ieu consiste à savoir qu’Il est la seule source de tout pouvoir. Parce qu’il considère ces deux idées comme deux concepts interdépendants, leur énoncé comme deux principes séparés pose un problème. Maïmonide a cru que le deuxième principe, bien qu’il puisse être considéré comme un aspect du premier, exige d’être énoncé séparément : L’unité de D.ieu, en tant qu’elle forme l’un des aspects de Sa nature absolue, doit être comprise, articulée et intégrée en tant que l’une des façons de Le servir.
Le deuxième principe souligne que tout ce que nous éprouvons, les myriades de forces en conflit dans notre univers, sont le reflet d’une Unité.
Le premier principe dépeint l’unicité de D.ieu en ce qu’Il est absolument indépendant de quoi que ce soit, contrairement à l’homme, qui est absolument dépendant de Lui. Le deuxième principe souligne que tout ce que nous éprouvons, les myriades de forces en conflit dans notre univers, sont le reflet d’une Unité, une Unicité qui n’a pas d’égale. Le plaisir et la douleur, la joie et le chagrin procèdent tous d’une Source unique. Les bonnes choses qui arrivent aux méchants et les mauvaises qui arrivent aux justes ont toutes la même origine.
L’accent mis par ce principe sur l’unité de D.ieu rejette les influences subtiles du polythéisme qui pourrait subsister même dans un système de valeurs monothéiste. L’homme a tendance à attribuer le bien et le mal, le bonheur et la souffrance, à des causes séparées, ce qui crée le besoin de ce principe. En contemplant les diverses facettes, apparemment contradictoires, de la providence du Tout-Puissant, on en éprouve de l’embarras.
Il serait facile de résoudre ces contradictions en concluant que ces facettes représentent des forces ou des pouvoirs séparés et conflictuels. Une telle réponse serait cependant profondément imprégnée de polythéisme.
Le fait que Maïmonide a divisé ces concepts, l’existence de D.ieu et Son unité, dans deux principes distincts, implique qu’il faut en être conscient et articuler les deux concepts pour Le servir correctement.
Considérons une application pratique de ce principe de l’unité de D.ieu. Il est un fait d’expérience, en même temps que familier à ceux qui s’intéressent à la politique mondiale, que n’importe quel petit pays pouvait prospérer en jouant politiquement et économiquement les Etats-Unis contre l’URSS afin d’extorquer leur aide sous la menace de se rapprocher de leur adversaire. Les individus aussi, avec un peu de finesse, peuvent devenir experts à ce jeu en flattant le goût du prestige de ceux sur l’argent desquels ils ont des visées. La question qu’ils se posent est la suivante : A quoi ma victime est-elle le plus attachée ? Aux éloges de ceux qui vantent ses prétendus mérites, ou à son argent ? Ils n’ont plus alors qu’à se concentrer sur les diverses forces et les faiblesses de la personnalité de leur victime, et jouer simplement les unes contre les autres.
S’agissant de D.ieu, si Son unité n’était pas absolue, les hommes chercheraient à chaque instant à le duper.
Le premier principe dépeint l’unicité de D.ieu en ce qu’Il est absolument indépendant de quoi que ce soit, contrairement à l’homme, qui est absolument dépendant de Lui. Le deuxième principe souligne que tout ce que nous éprouvons, les myriades de forces en conflit dans notre univers, sont le reflet d’une Unité, une Unicité qui n’a pas d’égale. Le plaisir et la douleur, la joie et le chagrin procèdent tous d’une Source unique. Les bonnes choses qui arrivent aux méchants et les mauvaises qui arrivent aux justes ont toutes la même origine.
L’accent mis par ce principe sur l’unité de D.ieu rejette les influences subtiles du polythéisme qui pourrait subsister même dans un système de valeurs monothéiste. L’homme a tendance à attribuer le bien et le mal, le bonheur et la souffrance, à des causes séparées, ce qui crée le besoin de ce principe. En contemplant les diverses facettes, apparemment contradictoires, de la providence du Tout-Puissant, on en éprouve de l’embarras.
Il serait facile de résoudre ces contradictions en concluant que ces facettes représentent des forces ou des pouvoirs séparés et conflictuels. Une telle réponse serait cependant profondément imprégnée de polythéisme.
Le fait que Maïmonide a divisé ces concepts, l’existence de D.ieu et Son unité, dans deux principes distincts, implique qu’il faut en être conscient et articuler les deux concepts pour Le servir correctement.
Considérons une application pratique de ce principe de l’unité de D.ieu. Il est un fait d’expérience, en même temps que familier à ceux qui s’intéressent à la politique mondiale, que n’importe quel petit pays pouvait prospérer en jouant politiquement et économiquement les Etats-Unis contre l’URSS afin d’extorquer leur aide sous la menace de se rapprocher de leur adversaire. Les individus aussi, avec un peu de finesse, peuvent devenir experts à ce jeu en flattant le goût du prestige de ceux sur l’argent desquels ils ont des visées. La question qu’ils se posent est la suivante : A quoi ma victime est-elle le plus attachée ? Aux éloges de ceux qui vantent ses prétendus mérites, ou à son argent ? Ils n’ont plus alors qu’à se concentrer sur les diverses forces et les faiblesses de la personnalité de leur victime, et jouer simplement les unes contre les autres.
La plupart des gens répugnent à perdre leur temps et à dépenser leur énergie à jouer à ce jeu avec leurs égaux. Mais s’agissant de D.ieu, si Son unité n’était pas absolue, ils chercheraient à chaque instant à le duper. Ils trouveraient toutes sortes de façons de justifier leurs actes en faisant appel à une autre de Ses caractéristiques, à un autre de Ses aspects. Ils en appelleraient à Sa pitié contre Son exigence de justice, à Sa bonté contre Sa puissance, et ils essayeraient d’éluder Sa colère et son autorité en faisant appel à un autre aspect de Son Etre.
Cependant, étant donné que Son Unité est absolue, c’est à Sa totalité que nous avons toujours affaire. Il n’est pas possible de jouer de l’un des attributs de D.ieu contre un autre pour justifier ses actions.
Cette incapacité à apprécier l’unité de D.ieu peut se manifester de bien d’autres manières, encore plus subtiles. Nos Sages nous apprennent que la foi de Noé était déficiente. En effet, expliquent-ils, « Noé faisait partie de ces gens dont la foi était imparfaite. Il croyait, mais sans y croire, à la venue du déluge » (Berèchith rabba 32, 9).
Comment peut-on affirmer une chose pareille ? Noé ne s’est-il pas échiné cent vingt ans durant, malgré les railleries et les persécutions, à la construction de l’arche ? Son environnement hostile a essayé de le détruire par tous les moyens à sa disposition, et ce n’est que par la grâce de D.ieu qu’il a survécu. Il est évident qu’il n’a supporté ces harcèlements que parce qu’il suivait les instructions de D.ieu, à cause de sa foi en Lui. Comment peut-on alors l’accuser d’avoir eu « une foi imparfaite » ?
La question devient plus compliquée si nous considérons que Noé était un prophète et qu’il a communiqué directement avec le Tout-puissant, ce qui aurait dû l’inciter à une foi plus assurée. Accuser un prophète d’un manque de foi ne semble pas possible. Comment pourrait-il douter de la parole de D.ieu ?
La réponse à cette question nous est suggérée par un défaut relevé par les Sages dans l’appréciation par Noé de l’unité de D.ieu. Il n’a jamais, en réalité, douté que le Tout-puissant pût détruire le monde, ni n’a jamais mis Sa parole en doute. Cependant, parce qu’il existait en lui une imperfection dans sa perception de l’Unicité de D.ieu, Noé a cru que la pitié du Créateur contredirait Son attribut de justice.
Cet article est un extrait de : Fundamentals and Faith : Insights into the Maïmonide’s 13 Principles, du Rabbin Mordechaï Blumenfeld.
Traduction et adaptation de Jacques Kohn
Série "Les 13 articles de Foi de Maimonide"
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article 1 D.ieu Créateur de l'Univers
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article 3 l'incorporabilité de D.ieu
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