Passons maintenant à la troisième des dix Sefirot - daat - qui
concerne la faculté intellectuelle appelée la connaissance.
Que reste-t-il à faire quand le germe de l’idée (‘ho’hma)
a été développé au maximum par la binah?
La daat est l’outil intellectuel qui nous fait passer en mode action.
Pour comprendre cela , il nous faut revenir aux dix Sefirot. Nous expliquions
alors qu’il s’agit d’un processus qui est le dévoilement
des manifestations divines dans ce monde. Les sefirot peuvent être donc
représentées comme une flèche pointée sur le résultat
final. La daat est l’outil intellectuel qui nous fait passer en mode
action.
Illustrons ceci par un exemple. Sur un campus universitaire, un étudiant
raconte à ses camarades une idée qui lui est venue au sujet du
communisme. (Nous le faisons croire juste pour les besoins de notre histoire.)
Un de ses camarades, Robert, qui l’écoute, a comme un éclair
d’inspiration; c’est pour lui, en effet, un concept auquel il n’avait
pas songé jusqu’à présent. Ce monde où chacun
travaille pour le bien de son prochain au lieu d’essayer de le concurrencer,
se dessine devant ses yeux. C’est la phase de la ‘ho’hma.
Robert discute l’idée, l’analyse. Est-elle juste? Est-ce
que cela peut marcher? En quoi consiste ce genre de société?
C’est l’étape de la binah.
Disons qu’il s’est laissé prendre par l’idée
et est convaincu de sa logique. Mais si on lui demande à brûle-pourpoint
de faire la révolution et de mourir pour cette cause, il répondra
par la négative. Si on le presse d’expliquer sa réticence,
il dira: “C’est juste une idée”.
Le temps passe et de plus en plus de gens sont persuadés de la justesse
du communisme. De nombreuses publications apparaissent et cette idéologie
est un tant soit peu reconnue. Robert est prêt à se joindre au
mouvement. Qu’y a-t-il de changé? Sa connaissance en est-elle
meilleure?
Non, Ce qui a changé est le fait que, dans son esprit, l’idée
est devenue une réalité concrète au lieu d’être
un concept purement abstrait. Ceci est la daat.
LE PONT
Sans daat, aussi profonde qu’elle puisse être, aussi logiquement
développée qu’elle soit, une idée ne pourra pas être
mise en application. La daat comble le gouffre béant qui sépare
les concepts de la réalité. Son rôle est d’être
un pont.
La première utilisation de daat dans la Torah en est une démonstration.
Le terme “Adam connut” se réfère à son intimité sexuelle.
Cependant, au-delà du pur euphémisme, il décrit exactement
le type de relation qui était en jeu; en effet, le mariage est un processus
où deux personnes font connaissance. Plus elles se rapprochent de manière
intellectuelle et émotionnelle, plus elles se sentent liées mais
leur relation n’est pas encore “concrète”. C’est
quand ces liens deviennent physiques que l’on peut parler à juste
titre de daat.
Nous sommes en mesure de mieux comprendre maintenant pourquoi le terme daat
est employé pour décrire une personne dont la connaissance de
D.ieu est des plus élevée. Sa relation au Tout-Puissant est aussi
réelle que s’il tenait dans sa main un objet matériel.
De même, c’est ce terme qui est utilisé pour dépeindre
la relation entre un prophète et le Divin. Le prophète est celui
qui “perçoit et Me connaît”, “haskel va yodéa
Oti”.
En résumé, nous avons passé en revue les trois premières
Sefirot, correspondant aux facultés intellectuelles de l’homme:
- La ‘ho’hma est l’étincelle créée
par une idée, la forme initiale d’une donnée brute. La
Kabbale la compare à la semence paternelle contenant un code non encore
développé et se trouvant à l’état potentiel.
- La binah traite et développe un concept comme le ferait une mère
qui nourrit et éduque.
- La daat est le résultat concret et robuste - c’est l’enfant.
Tant qu’il était un fœtus, il ne faisait pas partie du monde
réel. La daat est donc le pont qui l’y relie.
Traduction et adaptation de Claude Krasetzki