Michel et Sarah sont mariés depuis 40 ans. Lui, est un homme d’affaire
endurci, elle, une mère au foyer et une épouse. Quand ses enfants étaient
petits, Michel passait des heures entières au bureau et lorsqu’il
rentrait le soir, son esprit était toujours plongé dans ses affaires.
Un beau jour, après avoir atteint le succès matériel et
la célébrité, Michel décide enfin de ralentir son
activité.
« A présent, nous pourrons passer un peu de temps ensemble »,
dit-il à Sarah.
« C’est trop tard », répliqua-t-elle. « Je
ne t’ai pas attendu, j’ai déjà fait ma vie sans toi. »
On nous a trompé, en nous poussant à vivre pour
le futur week ends, vacances, retraite tout en sacrifiant le présent.
Nous menons des vies extrêmement intenses, chargées
et mouvementées.
Et puis, de temps en temps, pour décompresser, nous prenons quelques
jours de congé. Est ce aussi revitalisant que tous les dépliants
publicitaires voudraient nous le faire croire ?
Il faut croire que non. La recherche laisse entendre que ces
tactiques à « retardement » ne
marchent pas. Jane Spencer, dans un récent article du Wall Street Journal,
condamne cette approche simpliste pour venir à bout du stress. Ce n’est
ni sain, ni efficace. Nous ne pouvons faire marcher à fond notre physique
et notre mental pendant plusieurs semaines d’affilée, en pensant
qu’un week end à la plage nous remettra d’aplomb comme par
enchantement.
Cela ne marche ni pour le stress, ni pour l’éducation
des enfants. Et encore moins pour le mariage.
Bill est un travailleur acharné. Cheryl, sa femme, se sent seule et
délaissée. Pour la consoler, Bill lui offre des vacances de luxe
dans des endroits de rêve. Ils passent des moments merveilleux, pourtant
cela fait des années que leur couple est au bord du divorce.
Vous ne pouvez ignorer votre épouse et vous attendre à ce qu’un
séjour en vacances romantique arrange tout. (Des adultes ne peuvent
faire disparaître un bobo par un simple bisou !) De toute façon,
quel genre de romantisme une épouse délaissée peut-elle
bien vivre ?
C’est vrai, parfois des vacances peuvent être agréables.
Nous pouvons envier nos amis qui font des croisières gastronomiques
et visitent des localités exotiques. Mais un mariage ne tient pas sur
des actes extravagants ; il se construit sur de petits gestes attentionnés
au quotidien.
Vous êtes-vous levé pour fermer la fenêtre alors que vous étiez
aussi fatigué qu’elle ? Avez-vous attendu qu’il rentre de
sa réunion avant de sortir faire les magasins? Avez-vous fait une course
aujourd’hui uniquement pour lui épargner cette peine ? Avez-vous
acheté son parfum de glace préféré ? Lui avez-vous
téléphoné pendant la journée pour voir si tout
allait bien ? Avez-vous déjà éteint la télévision
pour parler ensemble ?
Il est vrai que c’est bien plus commun que les plages de sable de Cancun,
mais c’est bien plus efficace.
Comme l’écrit le philosophe juif, Maimonide, « L’homme
n’acquiert pas de vertus par la grandeur d’une action, mais plutôt
par le nombre de fois où il l’accomplit. La répétition
constante d’une bonne action laisse une empreinte beaucoup plus forte
sur le caractère et sur un mariage (mon addition !) que ne le fait
l’accomplissement d’un seul acte spectaculaire. » (Commentaire
sur Pirkei Avot 3 :15).
Les grands gestes sont plus faciles. Ils demandent moins d’effort et
sont moins fréquents. Ils coûtent peut-être plus chers,
mais ne demandent aucune amélioration personnelle, aucun travail en
profondeur pour atteindre notre moi idéal. En terme d’efforts
quotidiens, ils ne font pas le poids.
La stratégie la plus productive est celle qui nous demande le plus
de travail. Elle nécessite de réfléchir au besoin de l’autre
lorsque l’on n’en a pas envie. Elle nous force à mettre
en sourdine toutes les questions et les problèmes liés à notre
travail. Elle nous pousse à nous élever au-dessus de tout désir
de confort (solitude, bière, télévision) et à prêter
attention aux désirs de notre conjoint, à ses besoins et à ses
intérêts. C’est épuisant rien que d’y penser
!
Oui, mais c’est la seule chose qui marche. Bien sûr,
partez en voyage c’est bon pour votre mariage mais faîtes-le
en plus de vos efforts quotidiens et non à leur place.
Traduit et adapté par Tsiporah Trom