Chères Rosie et Sherry,
Comment est-il possible d’oublier une relation qui a duré trois
ans et demi ? Je pensais qu’il était « fait pour moi »,
jusqu’à ce qu’il parte en province poursuivre ses études
de médecine, parce que c’était la seule université qui
voulait bien l’accepter. Les choses sont restées « en suspens ».
Puis, lorsque nous nous sommes revus lors des vacances d’hiver, il a
suggéré que nous tentions une « période d’essai » cet été,
en emménageant à deux dans un appartement.
Sans bague, sans déclaration, ni engagement. J’ai dit : « Non ».
Le problème c’est que maintenant il me manque, mais je ne pense
pas que, vu l’état des choses, je pourrai renouer avec lui. Comment
savoir si j’ai pris la bonne décision ?
Joëlle
Chère Joëlle,
Plus de trois ans est une longue période pour sortir avec quelqu’un
sans passer à l’étape supérieure.
Ceci est vrai aussi bien pour un jeune couple qui vient de
se rencontrer que pour un couple d’âge plus mûr. Il était naturel de
votre part d’assumer qu’avant le départ de votre ami pour
l’université, vous alliez discuter ensemble de l’avenir
de votre relation. Apparemment, cela ne s’est pas fait, peut-être
parce que vous aviez tous les deux une conception trop différente de
ce que serait votre vie à deux. Plutôt que de prendre le risque
d’une rupture, vous avez préféré garder le silence.
Mais vous n’avez fait que remettre à plus tard une question inévitable.
Tout d’abord, déterminez clairement ce que vous désirez.
Souhaitez-vous vous marier pendant ses études de médecine ? Etes-vous
prête à maintenir une relation à distance, pendant les
prochaines années, en espérant que les choses tiennent jusqu’au
bout pour que vous puissiez vous marier ?
Il semble que vous ayez attendu que votre ami soit le premier à prononcer
le mot tant attendu. En réalité, vous deviez l’inciter à le
faire.
Si vous souhaitez qu’il exprime un engagement réel à vous épouser
dans un délai précis, trouvez un moment opportun pour le lui
dire. S’il ne veut pas prendre une telle responsabilité, vous
devez avancer de votre côté. S’il a besoin d’un peu
de temps pour réfléchir, donnez-lui une date butoir raisonnable.
Toutefois, prenez garde de ne pas le mettre sous pression.
Vous ne voulez certainement pas qu’il accepte de vous épouser uniquement parce
qu’il a peur de vous perdre. Il doit le vouloir parce que vous êtes
la femme avec qui il rêve de construire sa vie. S’il ne ressent
pas les choses de cette manière, pourquoi resteriez-vous ensemble ?
Nous approuvons tout à fait votre réponse à la suggestion
de votre ami de vivre ensemble pendant une « période d’essai ».
Les périodes d’essai ne marchent jamais. Dès le départ,
un couple marié ou fiancé agit selon le motto « Nous allons
réussir à construire une vie à deux en partageant les
joies comme les peines ». Cette attitude n’existe pas chez un homme
et une femme qui font l’expérience de vivre ensemble, car tous
les deux savent très bien qu’ils peuvent se séparer à n’importe
quel moment, si les choses tournent mal. Ils abordent les difficultés
de la vie quotidienne comme les individus indépendants qu’ils
sont, et évitent donc souvent de rentrer vraiment au cœur des problèmes.
Ceci les empêche de développer les capacités nécessaires
pour gérer les situations difficiles et de progresser dans la formation
de leur couple.
De plus, l’un des partenaires a souvent le rôle de « bonne
poire » quand deux personnes vivent ensemble. Le partenaire qui désire
vraiment le mariage (généralement la femme), fait souvent des
efforts démesurés pour satisfaire l’autre, espérant
ainsi le convaincre de passer l’anneau. Toutefois, ce dernier se trouve
souvent satisfait de la façon dont vont les choses et est peu enclin à s’engager
sérieusement. Après un certain nombre de mois (ou d’années
!) sans aucune promesse de mariage, la femme finit généralement
par abandonner la relation, se sentant trahie et abusée.
De plus, la plupart des couples qui vivent d’abord ensemble, n’ont
pas le même succès marital à long terme s’ils décident
finalement de se marier. Ils divorcent souvent, parce qu’il leur est
trop difficile de passer d’une relation orienté sur le moi à une
relation orienté sur le nous.
Enfin, la tradition juive désapprouve un tel mode de
vie.
Nous vous souhaitons bonne chance dans vos efforts pour parvenir à une
plus grande clarté, et s’il vous plait, tenez-nous au courant
de l’évolution des choses.
Rosie & Sherry
Traduit et adapté par Tsiporah Trom