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LA SECRETAIRE DU CALIFE (5)

Résumé des chapitres précédents : ‘Hakham Nissim et sa fille Dinah, capturés par des pirates, sont amenés à Bagdad. La jeune fille est vendue à Al Kissei, conseiller du Calife ; son père réussit à s’enfuir. Dinah est très aimée et admirée par tous au palais d’Al Kissei qui fait d’elle sa secrétaire. ‘Hakham Nissim, déguisé en mendiant, réussit à se faire remarquer d’elle lors d’une de ses sorties du palais en compagnie de sa maîtresse. Ensemble avec Mar Yakoub et les autres dirigeants de la Communauté juive de Samarra, un faubourg de Bagdad, il cherche un moyen de la sauver. Un jour, Al Kissei tout heureux raconte à sa femme et à Dinah que le Calife désire, lui aussi avoir Dinah pour secrétaire ; et qu’enfin il a réussi à persuader le Calife de chasser tous les juifs du Califat. Dinah voit le doigt de la Providence dans la Providence dans le cours des événements : ses sorties pour aller à la Cour lui permettraient de voir fréquemment son père et, peut-être, de communiquer avec lui ; et surtout, elle espère pouvoir sauver ses frères du danger qui les guette. Bientôt, Dinah est la coqueluche de la Cour et de toute la ville.

Naturellement, Hakim Isaac al Karoun, le médecin du souverain, entendît lui aussi parler de la jeune fille qu’Al Kissei avait introduite au Palais comme secrétaire du Calife. Connaissant Al Kissei et sa haine des juifs, Al Karoun n’était pas enclin à croire que la réputation d’intelligence et d’habileté qu’on faisait à Dinah fût si fondée. Il résolut de la mettre à l’épreuve, espérant bien la couvrir de ridicule à la première occasion.

Mais avant qu’Hakim Isaac pu mettre à exécution son projet, les mauvaises nouvelle du succès remporté par Al Kissei dans sa lutte contre les juifs ses répandaient comme un feu de paille. L’angoisse, la peur et le désespoir ne tardèrent pas à s’installer dans les cœurs de ces infortunés. Trois mois, c’était un délai si court pour s’arracher à tout ce qu’ils avaient si patiemment élaboré au long des années ; un délai si court aussi pour essayer de sauver ce qu’ils pourraient de leurs biens. Ils se tournèrent vers ‘Hakim Isaac al Katoun, leur seule planche de salut. Médecin à la cour, lui seul pouvait intervenir avec quelque chance de succès, lui seul pouvait tenter de persuader le souverain à revenir sur sa décision. Mais cette fois, la situation que son influence, pourtant considérable, semblait ne pas pouvoir suffire. En effet, le Calife fit savoir sans ambages à ‘Hakim Isaac que, si grande que fût son admiration pour ses talents, il n’avait d’autre choix que de lui faire subir le sort commun à ses coreligionnaires et de l’obliger à quitter le pays.


UN PLAIDOYER EMOUVANT

« En ce qui concerne, Majesté, ce qui peut m’arriver m’importe peu, répondit ‘Hakim Isaac. Où que la Providence choisira de m’envoyer, je crois pouvoir réussir, avec l’aide de D., à gagner ce qu’il faut pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Tout ce qui je possède, je le porte dans ma tête. Mais quel sera le sort des centaines, des milliers de juifs pour qui ce cruel décret signifie la ruine, et sans doute la mort. Ils ne savent où aller et n’ont aucun espoir de reconnaissance ce qu’ils vont perdre quand vos soldats les auront chassés d’ici ».

Le Calife Al Maamoun fut profondément ému par ces paroles. Cette idée d’expulser les juifs du pays, il ne l’avais pas accueillie avec enthousiasme. Peut-être même, dans son for intérieure, en était-il choqué, pour ne pas dire révolté. Libéral de nature, il était plus enclin à encourager la culture et les sciences qu’à soutenir le fanatisme d’hommes religieux tels que son conseiller Al Kissei. Le doute commençait à s’installer dans son esprit. N’aurait-il pas pris ce décret avec une certaine précipitation ? Mais il était le chef suprême de tout l’Islam. Il réfléchit un long moment, puis dit à ‘ Hakim Isaac :

"N’oublie pas que je suis le Calife et que je règne sur tout l’Islam. Aussi voilà ce que je te propose : si tu peux trouver un moyen qui ne suscite pas le moindre doute quand à ma loyauté à l’égard du Prophète et du Coran, et qui en même temps me permettre d’annuler le décret ordonnant l’expulsion des juifs, je te promets de l’examiner avec la plus grande faveur. Mais si tu veux que ton plan réussisse, gade-toi de le porter à la connaissance d’Alkissei et de ceux qui le soutiennent. L’échec serait assuré s’ils suspectaient la moindre faiblesse de ma part dans un moment pareil ".

Tout heureux, ‘Hakim Issac se confondit en remerciements et quitta le palais, pressé de regagner Samarra. Là, dans la maison de Mar Yakoub, les chefs des communautés juives du Califat attendaient anxieux les nouvelles de cette tentative suprême qui allait décider du sort de tous les juifs du pays. Quand le médecin eut parlé, ce fut le premier rayon d’espoir dans cette situation tragique. Les chefs juifs se rendaient compte certes que cet espoir était mince. Mais il reprirent tout de même confiance ; avec l’aide de Dieu, ils finiraient bien par trouver un moyen qui fît apparaître le Calife comme le chef zélé de tout l’Islam, et en même temps épargnât aux juifs les angoisses et les conséquences de l’expulsion.

Des jours et des nuits, ils demeurèrent ensemble, cherchant en vain le plan qui présenterait quelque chance de succès.

Deux mois pleins sur les trois s’étaient écoulés, et les chefs des communautés israélites ne trouvaient toujours rien.

Un soir, ils s’étaient réunis, comme à l’accoutumée, dans la maison de Mar Yakoub à Sammarra, et discutaient avec animation, qui pour, qui contre les différents projets que chacun d’eux avait imaginés. Mais ces plans, qui avaient une apparence de viabilité, ne résistaient pas à un examen approfondi. Les hommes étaient là, pesant tous les arguments qui se présentaient, cherchant, confrontant leurs opinions, quand la porte s’ouvrit soudain, et ‘Hakham Nissim entra. Il était encore sous son déguisement de mendiant. Seuls quelques-uns parmi les chefs présents l’avaient rencontré et savaient qui il était. Les autres furent tout surpris de le voir entrer, après avoir salué poliment l’assistance, s’adresser à leur Rabbin sans perdre de temps.

« Mar Yakoub, dit-il, j’espère que vos amis me pardonneront si je vous demande de m’accorder quelque minutes de votre temps. J’ai à vous entretenir d’un sujet de la plus grande importance ».

LE PLAN DE ’HAKHAM NISSIM

Aussitôt Mar Yakoub se leva, s’excusa auprès de l’assistance et se retira avec ‘Hakham Nissim dans son cabinet de travail particulier… Sitôt seul avec lui, le faux mendiant lui dit :

- Mon cher ami, le temps est venu d’agir, et je viens vers toi pour demander de l’aide. Comme tu le sais, j’ai passé ces derniers mois assis dans la rue, en face de la maison d’Al Kissei, dans l’attente d’une occasion de sauver ma fille, de l’arracher des mains des Ismaélites, pour l’emmener vers un pays où la bonne juive qu’elle est puisse s’épanouir en toute liberté. Or le jour même où, à l’instigation d’Alkissei, le calife donnait l’ordre d’expulser les juifs du pays, il nommait ma fille pour assurer le travail du secrétariat aux audiences qu’il tient lui-mêle quotidiennement. Il avait, peu à peu, auparavant, découvert, grâce à un document qui lui était passé par les mains, l’élégance de son style et la précision de sa pensée. Jusqu’à ce jour-là, je ne l’avais vue sortir qu’une fois hors de la maison. Maintenant c’est tous les jours qu’elle sort, et j’ai guetté l’occasion où sa maîtresse ne l’accompagnerait pas. Ma décision était tout bonnement de l’emmener et de fuir avec elle. Or, ce soir, l’esclave égyptien m’a informé que la femme d’al kissei était souffrante et qu’il y avait de fortes chances que ma fille se rende à la cour toute seule demain matin. Aussi suis-je venu vous demander votre aide : j’ai besoin de deux chameaux et de deux chameliers sûrs qui nous emmèneraient en un lieu proche du port, où je vous prierai, en outre, de faire un arrangement avec un batelier pour qu’il nous conduise jusqu’au navire qui lèvera l’ancre le jour même à destination de l’Ouest.

Que les chameliers nous attendent au croisement où la rue de la maison d’Al Kissei, bute sur le bazar. Quelques mendiants amis, au courant de mon plan, simuleront une bousculade à la faveur de laquelle ma fille se glissera hors de son pousse-pousse et fuira avec moi sans que personne ait le temps de s’en apercevoir.

(A suivre)



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