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Paracha / Business et Paracha back  Retour
La hausse des prix des produits de première nécessité à l'approche de Pessa'h agace les consommateurs que nous sommes. Quelles solutions pouvons-nous envisager pour la limiter?
Chacun de nous peut remarquer, à moins d'être complètement épuisé par les travaux de nettoyage d'avant Pessa'h, que les prix d'un grand nombre d'articles de première nécessité se mettent à flamber juste avant la fête.

Lorsqu'on interroge les commerçants sur les raisons de cette valse de leurs étiquettes, ils l'attribuent généralement à deux causes : les industriels de l'alimentation, entendant profiter du besoin accru de produits cachères pour Pessa'h, modifient leurs prix en conséquence, et les contrôleurs de cacherouth exigent des augmentations de salaires pour leur surveillance des produits de cette fête.

La plupart des consommateurs réagissent à cette information avec indifférence, sans se rendre compte que le problème a été soumis il y a déjà longtemps à nos Maîtres, qui ont fourni des solutions audacieuses à ce problème des prix abusifs.
 

UN INTERVENTIONISME BENEFIQUE

Il apparaît d'emblée que rabbi Chim'on a enfreint une loi de la Torah pour le bien-être de la société.

Dans la paracha de cette semaine, la Torah énumère les détails des sacrifices que doit offrir une femme qui vient d'accoucher, parmi lesquels figure une paire de colombes. Un jour, le prix à Jérusalem d'une paire de colombes s'est envolé jusqu'à atteindre un dinar d'or, ce qui était évidemment bien au-dessus du prix habituel. Rabbi Chim'on ben Gamliel entra dans son Beith din (tribunal) et décida que si une femme avait cinq enfants, elle ne devrait offrir qu'un seul sacrifice et qu'elle participerait à sa consommation. Alors les cours s'effondrèrent et le prix descendit à un quart de dinar d'argent (Michna Kerithouth 1, 7).

Il apparaît d'emblée que rabbi Chim'on a enfreint une loi de la Torah pour le bien-être de la société. Rachi explique que c'était une décision temporaire. Rabbi Chim'on craignait que les femmes se découragent d'offrir leurs sacrifices obligatoires compte tenu de leur prix élevé. Cela les aurait laissées en état d'impureté et aurait pu les conduire à consommer d'autres sacrifices étant impures. Aussi est-il intervenu pour obliger les prix à baisser afin que ces sacrifices puissent continuer d'être offerts.

Le Sage du Talmud Chemouel a adopté une tactique similaire pour protéger les consommateurs contre le prix abusif des récipients en poterie. Beaucoup de gens suivaient à l'époque l'opinion selon laquelle il n'est pas permis, après Pessa'h, d'utiliser les récipients en poterie dans lesquels on a cuisiné du 'hamets (aliment contenant ou ayant été en contact avec du levain) avant la fête, de sorte qu'ils en achetaient des neufs. Les vendeurs, sentant venir une forte demande de récipients en poterie après Pessa'h, augmentaient naturellement leurs prix. Chemouel, irrité par cette hausse des prix, menaça les vendeurs, à moins qu'ils ne les réduisent, de rendre une décision autorisant l'utilisation des vieux récipients après la fête. Cette mise en garde eut pour effet immédiat une chute des prix de ces ustensiles (Pessa'him 30a).

La sagacité manifestée par ces éminents dirigeants traduit une préoccupation morale finement orientée contre toute forme d'exploitation économique, et une volonté nettement affirmée d'user de l'autorité que leur confère la loi pour combattre cette sorte d'injustice.

Le souci profond manifesté par la Torah pour les faibles et les exploités s'est exprimé dans le domaine économique tout au long de l'histoire, les rabbins intervenant fréquemment afin d'empêcher les monopoles d'exiger des prix élevés lorsqu'ils étaient injustifiés.
 

LA SOLUTION DU TSEMA'H TSEDEK

Il déclara tous les poissons tereifa ("inaptes à être consommés") cette semaine-là, et le monopole disparut.

C'est ainsi qu'au dix-septième siècle les pêcheurs non juifs de Moravie avaient créé un cartel qui a eu pour effet une augmentation du prix des poissons. Cette décision a imposé de lourds sacrifices aux Juifs de la région, qui avaient pour habitude de consommer du poisson à leurs repas du Chabbat. Rabbi Mena'hem Krochmal, le Tséma'h tsédeq, qui était la plus haute autorité halakhique de l'époque, savait qu'il ne servirait à rien de dispenser les Juifs de l'observance de cette tradition, car les riches continueraient à acheter du poisson quel que soit son prix, tandis que les pauvres s'obstineraient à en consommer le Chabbath comme le reste de la communauté. Aussi prit-il une mesure draconienne : il déclara tous les poissons tereifa (" inaptes à être consommés ") cette semaine-là, et le monopole disparut (Responsæ du Tséma'h tsédeq N° 28).

À notre époque même, rabbi Sim'ha Alter, le rebbe du mouvement 'hassidique de Gour, constata que les prix des appartements dans les villes de Jérusalem et de Benei Beraq étaient devenus prohibitifs. Il remarqua aussi que les mariages évoluaient vers un luxe toujours plus dispendieux, et que les propriétaires de salles tiraient avantage de cette tendance en exigeant des prix de plus en plus élevés. Il décida alors d'établir des takkanoth (" règlements ") afin de permettre aux couches les moins aisées de la population d'acheter des appartements et de s'offrir des cérémonies de mariage à des prix abordables.

La première décision consista à plafonner à 8 000 dollars la dépense autorisée pour un mariage, et la seconde à limiter le prix d'achat d'un appartement à 40 000 dollars. Cette dernière takkana força ses 'hassidim à quitter les villes où les prix étaient trop coûteux et à se mettre à la recherche de logements à meilleur marché. Le résultat en a été le développement de communautés florissantes à 'Hatsor, Arad et Ashdod, où l'on n'avait pas à payer des sommes exorbitantes aux entrepreneurs.

Peut-être serait-il temps aujourd'hui de suivre les traces de nos Sages et d'instituer des prix plafonnés pour les produits de Pessa'h avant d'être forcés - dans l'esprit de la décision dramatique du Tséma'h tsédeq - de les déclarer 'hamets et de nous abstenir de les acheter jusqu'à ce que leurs prix soient devenus plus raisonnables.
 

(Traduit de l'anglais par Jacques KOHN)


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Yoël DOMB
Le rabbin Yoël Domb a été diplômé par le JCT (Center for Business Ethics and Social Responsibility - " Centre pour l'éthique dans les affaires et pour la responsabilité sociale ") et il appartient à la faculté du JCT Pari Midrach. Boursier du Centre pour l'année universitaire 2000-2001, il effectue actuellement des recherches sur les sujets d'éthique dans les affaires contenues dans la loi juive et il prépare un cours destiné à faciliter l'enseignement de ces sujets dans les yechivoth.
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COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  1
Ouf enfin une réaction claire! - 19 Avril 2004 - par elie acher <elie@lamed.fr>
Pour information, j'ai surveillé il y a 15 ans de cela une production de sucre Cacher Lepessah. Cette surveillance à lieu d'etre mais les frais (salaire, deplacement) s'elevaient à 800FF, pour une production de 6 TONNES!
Vous constaterez que dans son bulletin de Pessah', la communauté orthodoxe de Paris precise "...les frais de cacherouth n'etant pas trés elevés, ils ne devraient pas avoir d'influence notable sur les prix".
Les communautés orthodoxes ont pour leur part en Israel créé une chaine de supermarchés, au "look" tristounet, mais où les produits sont vendus de maniére trés abordable.
Messieurs les responsables... à vous de jouer!
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