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Le respect de la vie privée sur Internet

Le point de vue des sources juives sur un des problèmes majeurs soulevés par Internet.

Les promesses contenues dans Internet proviennent de son aptitude à relier des centaines de millions de gens dans un forum unifié aux dimensions mondiales. Il suffit aujourd'hui de quelques minutes et de quelques sous pour trouver la personne, le produit ou l'information que l'on recherche, alors qu'il fallait, il n'y a encore que quelques années, y consacrer des mois entiers et d'énormes budgets.

Cependant, cette promesse risque de coûter très cher à notre intimité. De même que je peux regarder à travers les fenêtres d'une centaine de millions de maisons virtuelles pour y trouver ce que je cherche, de même une centaine de millions d'autres personnes fouillent mon propre foyer virtuel. Nous bénéficions d'un accroissement inimaginable de l'information rassemblée, de notre aptitude à l'accumuler et à l'analyser, ainsi que de son accessibilité. Si je visite le site agathiechristie.com, puis vérifie où en sont les matchs de football de la soirée, une banderole apparaîtra dans les minutes suivantes m'annonçant la sortie des presses d'un nouveau roman policier dont l'action se situe dans le monde des sports.
 

LE DéBAT ACTUEL SUR LE CONSENTEMENT PRéALABLE

Il existe deux possibilités, celle de l'opposition a posteriori ("opt-out") et celle de la demande de permission ("opt-in").

Le débat sur le respect par Internet de la vie privée s'est surtout concentré sur le problème du consentement préalable.

Tout le monde s'accorde à dire que les utilisateurs ont droit au secret sur eux-mêmes. La question qui se pose est celle de savoir comment y parvenir. Il existe deux possibilités, celle de l'opposition a posteriori (" opt-out "), où toute information est considérée comme du domaine public à moins d'une opposition explicite de l'utilisateur qui déclare s'opposer à l'envoi de tout nouveau courrier, et celle de la demande de permission (" opt-in ") où les fournisseurs de services ne peuvent recueillir d'informations que lorsqu'ils y sont explicitement autorisés par l'utilisateur.

Beaucoup de gens considèrent, tout en acceptant le principe fondamental du respect de la vie privée, que ce consentement n'est pas la bonne solution et qu'il est nécessaire d'en venir à une réglementation. Ils estiment que le système de " l'opposition a posteriori " est problématique parce qu'il implique un consentement marginal.

Quant à celui de " la demande de permission ", il est loin d'offrir toutes garanties : le consommateur peut manquer de l'information qui lui serait nécessaire pour donner un consentement pleinement réfléchi. Il peut aussi arriver qu'il y ait une certaine coercition, le refus de consentement pouvant avoir des conséquences négatives, comme une limitation de l'accès au service.
 

INTIMITé ET MODESTIE

L'intimité s'applique à ce que je veux tenir caché, tandis que la modestie définit ce qui devrait rester caché selon certaines normes.

Le judaïsme partage certainement ce souci pour l'intimité. Notre tradition a toujours maintenu une norme très haute de discrétion, une politique universelle " opt-in " où toutes les communications, y compris celles qui sont personnelles, doivent être considérées comme privées à moins d'une permission de celui qui les formule. Le 'Hafets 'hayim a écrit : " Quand on dit quelque chose à quelqu'un, il est interdit de révéler ce qui a été dit à moins d'une autorisation de l'auteur. "

Mais il existe une dimension supplémentaire spécifiquement juive. Le judaïsme considère non seulement l'intimité mais aussi la modestie. L'intimité s'applique à ce que je veux tenir caché, tandis que la modestie définit ce qui devrait rester caché selon certaines normes. Me forcer à aller au travail en maillot de bain constitue une violation de mon intimité, mais si je m'habille ainsi volontairement, cela devient une atteinte à la modestie. De fait, la loi juive nous demande de détourner notre regard si nous voyons quelqu'un occupé à une activité privée, même innocente et non dissimulée. Rabbi Chnéour Zalman de Liadi a écrit : " Les voisins se doivent d'être particulièrement attentifs à ne pas regarder ce que font les autres dans leurs parties communes. "

Les atteintes portées à la modestie, tout autant que celles contre l'intimité, peuvent être très dévastatrices pour la société. Exposer au grand jour les habitudes personnelles des gens finit par créer une atmosphère de " mouche du coche " où tout le monde se mêle des affaires de tout le monde, ce qui conduira à une dégradation et à une homogénéisation malsaine des normes. En outre, la curiosité malsaine compromet notre sens de la dignité et de nos limites.

Nos Sages, très attentifs à ces considérations, estiment que si quelqu'un est déterminé à commettre un acte immoral, il doit au moins le faire dans le secret le plus complet. Alors l'acte ne contribuera pas au cynisme public, et l'individu trouvera plus facile de corriger son comportement, son image publique étant restée intacte.

Notre tradition nous rappelle qu'il ne suffit pas de demander aux gens ce qu'ils veulent ; il faut aussi nous préoccuper de ce qu'ils sont. Le développement de notre personnalité, qu'elle soit personnelle ou publique, a besoin de s'abriter sous la modestie.

Il ne doit pas y avoir place aux projecteurs d'une quelconque surveillance, pour discrète qu'elle soit. À nous de nous efforcer d'introduire ces dimensions spirituelles et humanistes dans le débat public sur l'intimité dans Internet.

Sources :
- " Opt-in " : Yoma 4b ; 'Hafets 'hayim 9, 6 ; Beèr mayim 'hayim 2, 27.
- Ne pas espionner autrui : Rema dans Choul'hane 'aroukh - 'Hochèn michpat 154, 7 ; Choul'hane 'aroukh Harav - Nizqei mammone 11.
- Commettre secrètement un acte immoral : Qiddouchin 40a et les commentaires.
 

Traduction et adaptation de Jacques KOHN


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Asher MEIR
Le rabbin Asher MEIR a reçu un diplôme de Ph.D. en Economie au Massachusetts Institute of Technology, ainsi que l'ordination rabbinique en Israël après avoir étudié pendant douze ans dans des yechivoth. Il dirige le Jewish Business Response Forum, au JCT Center for Business Ethics, et il enseigne les sciences économiques au Jerusalem College of Technology. Avant son installation en Israël, il a travaillé comme conseiller économique auprès de l'administration Reagan. Il a publié plusieurs articles sur des sujets relatifs au commerce et à l'économie modernes et sur la loi juive.
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