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Les Rendez-vous de l'Année Juive / Pessah back  Retour
Atteindre la LibertéRéparer la faute d’Adam grâce à la matsa et au vin.

 

L’esclavage en Egypte était bien plus que physique. L’aspect le plus négatif de cet asservissement est que, peu importe si vous étiez un simple ouvrier ou un maître de corvée de haut niveau, vous n’aviez pas le temps de réfléchir. Vous n’aviez pas la possibilité de donner la moindre profondeur à votre existence. Votre vie se consumait entièrement dans le travail à tel point que la plus petite part d’énergie mentale ou physique était utilisée. Votre esprit était totalement encombré par la nécessité de produire une meilleure brique, de faire travailler plus durement les esclaves qui se trouvaient sous votre responsabilité ou d’atteindre votre quota. Il s’agissait d’un asservissement total du corps et, plus important encore, de l’esprit.


Le travail nous maintient occupés en permanence, à tel point que nous n’avons pas le temps de réfléchir. Ce qui constitue une forme d’esclavage bien réel.
Que ce soit en tant qu’esclave de Pharaon, il y a 3 000 ans ou, de nos jours, au travail pour joindre les deux bouts, la structure de la société impose une oppression très réelle. Le cerveau est immergé dans une réalité restreinte. La vérité profonde est cachée. Nous vivons tous dans un monde qui dissimule la réalité, qui veut que nous restions spirituellement endormis. (Ce qui explique peut-être pourquoi le mot en hébreu pour "monde" " ‘olam" est lié au mot " ’elem" qui signifie "caché".) Le travail nous maintient occupés en permanence. Il nous maintient si occupés du matin au soir que nous n’avons pas le temps de réfléchir. Ce qui constitue une forme d’esclavage bien réel.


DES SYMBOLES DE LIBERTE


Pessa’h est appelé le "temps de notre liberté". Manger de la matsa et boire les quatre coupes de vin au Séder symbolisent la liberté et constituent des outils nous permettant d’échapper à l’esclavage non seulement en cette nuit de Séder, mais également tout au long de l’année.
Dans le Talmud, une discussion divise les Sages quant à la nature du fruit de l’Arbre Défendu que consommèrent Adam et Eve. Ils proposent, entre autres, le blé et le raisin: les ingrédients de base de la matsa et du vin. (Il est intéressant de noter que la pomme ne rejoint aucune opinion.) Pessa’h représente une opportunité de réparer la faute d’Adam. Nous utilisons le raisin et le blé pour accomplir deux des commandements essentiels de Pessa’h afin de réparer la destruction qu’a entraînée cet échec.


UNE PRECIPITATION BIEN INUTILE


Le Ari zal (Rabbi Isaac Ashkénazi Louria, XVIème siècle, un des maîtres de la Kabbale) explique que l’origine de la faute d’Adam fut la précipitation. Il mangea le fruit défendu de l’Arbre de la Connaissance le premier vendredi après-midi de la Création. S’il avait attendu jusqu’au Chabbat, il lui aurait été permis de manger de l’Arbre de la Connaissance. Cependant, le serpent originel fit pression sur lui pour qu’il consomme ce fruit immédiatement. Il le poussa à entrer en action. Il lui parla de l’opportunité qu’il allait manquer. Selon la compréhension du Ari zal, la précipitation est la racine de la première faute de l’homme.


La matsa est un tikoun, une "rectification" de cette faute. La matsa est une pâte que l’on n’a pas laissée lever, une pâte faite à la hâte. En en mangeant lors du Séder, nous montrons que la précipitation peut être utilisée comme une partie d’une mitsva, pour atteindre le bien.
Cette expérience est censée nous accompagner tout au long de l’année. Ainsi, une personne peut parfois être tentée de mal agir. Son yétser hara, son penchant à faire le mal, fait pression sur elle pour qu’elle commette une mauvaise action maintenant. En même temps, durant un instant seulement peut-être, son âme lui donne un instinct, une sorte de flash, lui disant que si elle résiste à la pression maintenant, elle pourra surmonter le désir de faire le mal. Si elle n’agit pas immédiatement, elle peut succomber.

Le vin et la matsa servent à rectifier la faute d’Adam ; ils sont le symbole de l’utilisation positive du temps.


La mitsva de la matsa nous rappelle que nous avons autrefois fui en hâte un endroit d’esclavage. Le fait d’en manger durant le Séder est un moyen de dire que nous utilisons l’élément même avec lequel Adam a fauté- la précipitation, la pression, pas de temps pour réfléchir - pour le transformer en une entité spirituelle. Nous comprenons que c’est la précipitation qui nous a fait tomber et que la manière de corriger ce mal est d’utiliser la précipitation au sein d’une mitsva.


Le vin sert également à rectifier la faute d’Adam, mais il diffère de la matsa en ce qu’il représente l’utilisation positive du temps et pas simplement l’annulation de l’usage négatif du temps. La matsa correspond au fruit défendu (blé) sans ‘hamets ("levain"), sans le temps. Le vin correspond au fruit défendu (raisin) avec le temps utilisé de manière positive. Plus le vin est vieux - plus l’ingrédient qu’est le temps est entré dans sa composition - plus élevée est sa qualité.


Le blé et le vin représentent deux manières différentes de combattre le mauvais penchant. Parfois, le yétser hara nous saisit rapidement et c’est tout de suite qu’il faut agir ! A d’autres moments, la meilleure manière de lutter contre le yétser hara est de le prévoir à l’avance, d’y réfléchir, d’anticiper sa présence. Mieux vaut prévenir que guérir.


De même, parfois, la techouva, le repentir, se présente sous la forme d’un éclair d’inspiration presque instantané. Une personne perçoit soudain l’aspect négatif de sa manière de vivre et souhaite y remédier. Toutefois, le plus souvent, la techouva est l’aboutissement d’un long et lent processus qui nécessite des années et des années. La personne réfléchit beaucoup à sa vie, elle tentera peut-être d’adopter divers styles de vie, puis, un jour, elle réalise qu’elle en est arrivée à la conclusion qu’il y a du vrai dans ce qu’ont enseigné nos Maîtres durant tous ces millénaires.


Cela aussi, constitue une rectification de la première faute de l’homme. Si Adam avait pris le temps de réfléchir sérieusement à la situation, il se serait rendu compte du vide de la tactique de pression du serpent originel. Il aurait réalisé que la vie ne se résume pas à ce simple instant d’assouvissement de son désir du fruit défendu.


DES GRANDS REQUINS BLANCS ET DES SERPENTS ORIGINELS


Je réfléchissais, un jour, sur la raison pour laquelle D.ieu avait créé un monde contenant des créatures aussi terrifiantes que les grands requins blancs, les crocodiles, les lions, les ours, les cobras et autres effrayants prédateurs. N’aurait-il pas été suffisant pour D.ieu d’avoir simplement créé un monde avec de méchantes personnes, des êtres humains ayant la liberté de choisir le mal ? Pourquoi fallait-il qu’il y ait également ces créatures de cauchemar ?


Puis, il me vint soudain à l’esprit que ces créatures étaient des symboles du mal. Si vous étiez en train de nager dans l’océan et que soudain, vous aperceviez l’aileron d’un requin, vous vous en éloigneriez aussi vite que possible. En fait, il est probable que vous éviteriez d’emblée la possibilité de faire une telle rencontre.


Pourquoi agissons-nous de manière différente en ce qui concerne les éventuelles rencontres avec notre yétser hara, notre mauvais penchant ? Pourquoi tenter le sort et nous placer dans des situations de tentations potentielles ?


Le yétser hara est un grand requin blanc. Si vous apercevez ce type de requin dans l’océan ou un cobra royal sur la route, vous vous enfuirez à toutes jambes. Nous avons pourtant tendance à faire preuve d’insensibilité dans ces domaines où nous nous sommes habitués à la présence du mal, quelle que soit son intensité.


Plus encore que la libération d’un esclavage physique, la délivrance que nous célébrons à Pessa’h est celle de la libération spirituelle. Il n’existe pas de plus grand asservissement que la dépendance aux besoins de notre Moi le plus basique. Tout ce que nous faisons à Pessa’h peut avoir un impact très profond sur la manière dont nous menons notre vie tout le reste de l’année. Il nous faut simplement prendre le temps d’y réfléchir.

 

Traduction et adaptation : Ra'hel Katz



A PROPOS DE L'AUTEUR
Yaacov ASTOR
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