Q. : Tous les enfants de mon lycée, quand ils ont un rendez-vous avec un médecin ou quelque chose d'analogue, restent dehors un peu plus longtemps pour quelque futilité. Lorsque c'est "de temps en temps", est-ce très grave du point de vue éthique ? Est-ce que nous "volons" nos parents, qui déboursent de grosses sommes d'argent pour nous envoyer dans une école juive, et qui attendent de nous une totale assiduité ?
R. : Faire occasionnellement l'école buissonnière n'est pas fondamentalement immoral. Après tout, vous n'êtes pas des salariés payés à l'heure.
Le judaïsme considère toute fille de plus de 12 ans et tout garçon de plus de 13 comme des adultes responsables de leurs décisions.
Cependant, l'école buissonnière peut poser toutes sortes de sérieux problèmes éthiques. L'un de ces problèmes est que l'adolescent, lorsqu'il est livré à lui-même, est soumis à des tentations puissantes qui peuvent l'inciter à se mal conduire. S'il est pris sur le fait, il sera tenté de mentir.
En raison de son absence aux cours, il pourra être poussé à copier ses devoirs ou à tricher à un examen. La tradition juive nous met en garde : on ne doit pas mettre nos valeurs à l'épreuve de cette façon.
Un autre problème potentiel concerne le respect dû aux parents. Nous avons le devoir de les honorer, et cette prescription est si importante qu'elle fait partie des Dix Commandements. Aussi longtemps que l'enfant vit à leur foyer, il a l'obligation de se conformer aux règles qui s'y appliquent, règles parmi lesquelles figure, le plus souvent, l'assiduité à l'école. Si la ponctualité constitue une valeur à laquelle les parents sont attachés, ou s'ils accueillent mal les absences scolaires, ne pas assister aux cours est un manquement aux devoirs envers sa famille.
L'absentéisme scolaire est également une forme d'irrespect envers les professeurs et envers l'école dans son ensemble. Il nuit au moral du corps enseignant et contribue à l'affaiblissement de la discipline. De plus, l'école buissonnière peut inciter d'autres élèves à suivre la même voie, et ce à l'encontre de leurs véritables intérêts.
Quand une école a édicté un code d'honneur, on doit le respecter. Un code d'honneur est une obligation, que les étudiants sont censés avoir acceptée.
Les adolescents, lorsqu'ils parviennent à maturité, commencent à assumer des responsabilités d'adulte. Cela veut dire, d'une part, qu'ils peuvent commencer d'établir leurs priorités propres, que ne sont pas nécessairement les mêmes que celles prévues par les autres. Cela signifie aussi qu'ils doivent être capables d'évaluer l'immense importance d'une bonne éducation et d'entretenir une attitude positive envers les institutions auxquelles ils appartiennent et les normes qui s'y appliquent. Un étudiant qui tient compte attentivement de toutes ces considérations aura de bonnes raisons de conclure que c'est rarement une bonne idée de "sécher" un cours.
Il va sans dire que l'on ne doit jamais manquer un cours de kodèch, car cela équivaudrait à négliger l'étude de la Torah.
Traduction et adaptation de Jacques KOHN