Logo Lamed.frhttp://www.aish.comAccueil Lamed.fr
...
.

Articles associés

.
...
...
.

Société et Travail

.
...
...
.

Soutenez-nous

.
...
Société et Travail / Culture back  Retour

UN SECRET

Les lycéens ont eu bon goût cette année en décernant en Novembre dernier leur "Goncourt" à Philippe Grimbert pour son roman "Un secret".
Le Secret touche également à l'assimilation et à la perte d'identité qu'elle entraîne.

Roman ? C'est le mot qui apparaît sur la jaquette du livre, mais on a le sentiment, à la lecture, qu'il s'agit davantage d'un récit largement autobiographique. D'autant plus que le narrateur porte le même patronyme que l'auteur.

Le secret, c'est celui que Louise, une infirmière voisine et amie de ses parents, va progressivement révéler au jeune héros (dont nous ne connaîtrons jamais le prénom) au lendemain de ses quinze ans.

Conscient du malaise qui l'entourait, celui-ci s'était inventé un frère aîné dont la supériorité physique l'empêchait littéralement de grandir. Mais ne pouvant imaginer un roman familial aussi douloureux que celui qu'il allait découvrir, il s'était imaginé une famille idéale dont il était l'enfant unique et aimé. Il avait toujours pensé que si ses parents étaient partis se réfugier à Saint-Gaultier, dans l'Indre, pendant l'Occupation, c'était uniquement à cause des privations et des conditions de vie difficiles à l'époque à Paris.

Mais un jour, à l'occasion d'une bagarre où il n'a pas supporté qu'on puisse ricaner alors que le professeur projette un film sur la Shoah, il va rentrer à la maison le visage en sang et Louise va enfin rompre le silence et lui révéler ce que sa famille, "une société secrète liée par un deuil impossible," lui avait toujours caché.

Sa famille, c'est d'abord ses parents, Maxime et Tania, dont le sport est la seule religion. Elle est une championne de natation, lui pratique l'athlétisme et la lutte. Ils possèdent un magasin en gros d'articles de sport, ils s'entraînent chaque dimanche dans un club des bords de Marne et ils ont même installé une salle de gymnastique dans leur appartement. Son père a fait changer son nom de Grynberg en Grimbert, et le jeune narrateur a été baptisé (mais aussi circoncis "chirurgicalement"...).

Comment aurait-il pu imaginer que ses parents s'étaient réfugiés à Saint-Gaultier pour fuir les persécutions qui s'abattaient sur les Juifs? Comment aurait-il pu imaginer la vie sentimentale et familiale de ses parents avant sa naissance ? Et ce frère imaginaire, n'avait-il pas réellement existé avant lui ?

Le passé va peu à peu livrer tous ses secrets: "L'histoire de mes parents, que j'avais voulue limpide dans mon premier récit devenait sinueuse…Le long d'une route peuplée de murmures, je distinguais maintenant des corps, allongés sur le bas-côté".

Toutes ces douloureuses révélations vont finalement délivrer le narrateur: "Depuis que je pouvais les nommer, les fantômes avaient desserré leur étreinte: j'allais devenir un homme". Ces conversations avec Louise vont agir comme une véritable thérapie et l'auteur confie, au détour d'une phrase l'influence qu'elles ont exercées dans son choix de devenir psychanalyste.


Le Secret touche également à l'assimilation et à la perte d'identité qu'elle entraîne.

Le grand thème du libre de Philippe Grimbert, c'est le secret de famille, mais ici, ce thème prend une dimension supplémentaire car il touche également à l'assimilation et à la perte d'identité qu'elle entraîne, ainsi qu'aux drames qui surgissent lorsque le destin vous renvoie à cette condition juive que vous vouliez étouffer.

C'est un sujet qui a été maintes fois traité dans la littérature, du "Juif Süss" au "Jardin des Finzi-Contini" par exemple. C'est aussi, bien sûr, le sujet de nombreux récits qui nous ont été faits de ces Juifs assimilés qui se croyaient Français ou Allemands et qui allaient disparaître dans la tourmente de la Shoah.

Le style de Philippe Grimbert est sobre et sans aucun pathos. Le suspense va crescendo, tous les secrets nous sont révélés progressivement sans qu'aucun détail ne reste dans l'ombre, jusqu'à la tragédie finale, qui nous frappe de plein fouet.

J’ai vu, moi aussi, dans l'album familial, des photos de sportifs juifs du Y.A.S.K. (Yiddische Arbeiturer Sports Klub) et je me suis moi aussi interrogée sur le silence de mes parents et sur le mien, n'osant pas les interroger sur l'absence totale d'entourage familial qui était le nôtre. Mais tout le monde n'a pas la chance de trouver une Louise sur son chemin !

Ce récit est bouleversant et il n'est pas étonnant que de jeunes lecteurs, juifs et non-juifs, aient été sensibles au thème du "roman familial" et à son mystère qui préoccupe souvent les adolescents.


UN SECRET, de Philippe Grimbert - Grasset - 191 pages- 15,50 euros (Prix "Goncourt des lycéens" 2004)

 



A PROPOS DE L'AUTEUR
Monique SIAC
  Liens vers les articles du même auteur (13 articles)


COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  2
un fan du livre - 1 Septembre 2007 - par dydy dydy <strike180@hotmail.com>
c'est une histoire magnifique, je l'ai beaucoup adoré,c'est émouvante,beaucoup de tristesse,de suspense, qui donne envie de connaître la suite et de la terminer.
J'ai surtout aimé le personnage principal qui est tout le contraire de ses parents (physiquement).
recherche sur le YASC - 1 Février 2007 - par FELDMAN Jean-Marc
J'entame une recherche universitaire en histoire contemporaine sur les groupements sportifs juifs à Paris. J'ai lu "un secret" et partage la critique de la personne qui l'a écrite. J'aimerais pouvoir entrer en contact avec cette personne car elle dit posséder des photos de ses parents qui étaient au YASk. Merci d'avance pour donner mes coordonées à cette personne. Cordialement
Emettre un commentaire
 Nom
 Prénom
 Email *
 Masquer mon email ?
Oui  Non
 Sujet
 Description (700 caractères max) *
 * Champs obligatoires
...
.

Outils

MODIFIER LA TAILLE DU TEXTE
.
...
...
.

Et aussi...

.
...