L'éradication de
la variole est peut-être l'un des plus grands triomphes de la science
médicale.
On estime que la variole
aurait tué plus de personnes que toute autre maladie dans l'histoire.
Pour le seul 20ème siècle, 300 millions de personnes environ en
seraient mortes. Pour le tiers des personnes atteintes, elle se révèle
fatale. Cette maladie fut le fléau du monde pendant des siècles,
avant de disparaître. Grâce à l'Organisation Mondiale de
la Santé, pas un seul nouveau cas de variole n'a été recensé
depuis 1977 et les dernières vaccinations, effectuées aux Etats-Unis,
contre cette maladie datent de 1972.
Avec ceci à l'esprit,
il est possible de comprendre l'horreur qui saisit les nations civilisées
lorsque l'on considère la possibilité que la variole puisse être
utilisée comme arme bactériologique par des terroristes ou des
nations perfides.
Edward Jenner mit au point
le tout premier vaccin moderne pour combattre la variole en 1796, lorsqu'il
inocula la variole bovine à son premier patient (variété
similaire, mais très bénigne de la maladie), générant
ainsi l'immunité à la variole. Depuis cette époque, nous
avons fabriqué de nombreux vaccins contre diverses maladies infectieuses,
particulièrement les maladies infantiles létales.
LES RISQUES
INDUITS PAR LA VACCINATION
Bien que la vaccination
ait véritablement rendu possible l'éradication d'une multitude
de maladies létales, telles que la poliomyélite, la coqueluche,
la diphtérie et les oreillons, la vaccination demeurent toujours controversée
pour certains.
Tout d'abord, parce qu'elle
n'est pas totalement dépourvue d'effets secondaires. Les gens évaluent
depuis toujours les risques d'une vaccination préventive face aux risques
de développer une maladie mortelle.
Même avant que Jenner
n'introduise le vaccin contre la variole (qui est essentiellement le même
que celui que nous utilisons aujourd'hui), les gens se contaminaient délibérément
au moyen de vêtements ayant appartenu aux porteurs de la variole, dans
l'espoir de développer une forme moins sévère de la maladie.
Etant confrontées à la certitude réelle de contracter naturellement
une variole sévère, de nombreuses personnes cherchaient à
pratiquer cette procédure, qu'ils appelaient 'inoculation', et qui avait
un taux de mortalité approximatif de 0,5 à 2 %. Ce qui était
préférable au taux de mortalité d'environ 30 % de la variole
naturelle.
Bien que statistiquement,
la vaccination ait un avantage significatif sur la maladie, en règle
générale, personne ne souhaite prendre la responsabilité
de la mort ou de la mise en danger de la vie d'autrui. Même si le risque
de mourir d'une maladie contagieuse est élevé, il est vu comme
un événement peu fréquent. Les parents qui permettent que
leur enfant soit vacciné, accomplissent une action physique et parfois
irréversible qui peut faire du mal à leur enfant. Certains juifs
sont même opposés à la vaccination à cause du commandement
de " marche simplement devant ton D.ieu ", qui signifie " Suis
Le avec simplicité, attends Son soutien et ne te plonge pas dans l'étude
du futur ".
Si le risque d'attraper la maladie dépasse de loin le risque lié à la vaccination (ce qui est généralement le cas), alors l'action est préférable.
Pour la loi juive, il s'agit
de la question de " shev véal taaséh " - " assieds-toi
et ne fais rien " contre " maaséh " - choisir une réponse
active. En général, si la conséquence de l'action et celle
de l'inaction comportent chacune un désavantage significatif, nous optons
pour l'inaction. Pour cette raison, certains parents, juifs et non-juifs, refusent
de vacciner leurs enfants.
Mais ce raisonnement n'a
de sens qu'en cas de risques équivalents. Si le risque d'attraper la
maladie dépasse de loin le risque lié à la vaccination
(ce qui est généralement le cas), alors le ma'aséh (action)
est préférable.
Pour cette raison, nous
considérons que ne pas vacciner son enfant par crainte de complications
est déraisonnable ; ceci seulement parce que nous estimons que le risque
d'attraper la maladie est supérieur au risque inhérent à
la vaccination, lequel nous semble inconséquent.
Il est important de souligner
que la vaccination est permise, même quand il existe un faible risque
d'en mourir.
En fait, au 19ème
siècle, le Rabbin Israël Lipschutz, connu sous le nom du Tiferet
Israël, trancha que le vaccin contre la variole est permis, malgré
le risque de mortalité. Il est intéressant de remarquer qu'il
qualifie Edward Jenner de " juste parmi les nations " pour avoir découvert
le vaccin contre la variole qui sauva des centaines de milliers de vies.
Il est important de préciser
que le Tiféret Israël écrivit cela à une époque
où la variole était encore une cause de mortalité majeure,
minimisant les effets secondaires du vaccin en regard du nombre incroyable de
morts causées par cette maladie. La décision du Rabbin Lipschutz
était de mise à une époque où diverses maladies
infectieuses, telles que la variole, étaient fréquentes. Mais
l'est-elle toujours aujourd'hui, alors que la vaccination a véritablement
éliminé l'incidence de ces maladies ? Quand le risque de mourir
d'une maladie diminue au point d'être inférieur ou même égal
au risque de mourir par vaccination, quelle conduite doit-on adopter ?
La loi juive insistera certainement
pour que toute méthode susceptible de réduire les risques encourus
lors d'une vaccination, soit appliquée. De plus, une fois que le risque
posé par la maladie a suffisamment diminué, le risque de vaccination
n'est plus justifié. Nous devons toutefois prendre en compte que la possibilité
d'une résurgence de la maladie puisse justifier l'immunisation continue.
Pour cette simple raison,
les Etats-Unis ont récemment remplacé le vaccin oral Sabin, qui
présente 2 à 4 chances sur un million de causer une polio, par
un vaccin moins puissant, mais plus sûr, le vaccin Salk, parce que le
risque de contracter une polio suite au vaccin oral, équivalait au risque
de contracter une polio naturellement. Ce point sera développé
plus en profondeur par la suite.
SI TOUT LE MONDE LE FAIT, POURQUOI DEVRAIS-JE LE FAIRE ?
Une fois que le risque de
contamination d'une maladie contagieuse a diminué considérablement,
nous sommes confrontés à une autre question. Si chacun autour
de moi est immunisé, dois-je accepter les risques que présente
une vaccination ? Ainsi que l'explique les Archives des Pédiatres et
de la Médecine Adolescente (Avril 2001) :
" On pense, de manière
générale, que l'immunité de masse, concept de décroissance
d'une contamination pour des individus donnés, suite à la vaccination
de membres d'une même famille ou communauté, aurait un effet positif
sur la santé publique. Grâce à l'immunité de masse,
l'incidence de maladies prévenues par vaccination a chuté considérablement,
bien qu'une proportion significativement inférieure à 100 % de
la population visée n'ait été vaccinée. "
La chance que je sois contaminé
est très petite (pour la simple raison que dans mon entourage personne
n'est susceptible d'attraper cette maladie et de me la transmettre) et mon absence
d'immunisation ne menace personne, tant que tout le monde est immunisé.
Statistiquement, cet argument est valable, puisque nous avons seulement besoin
qu'un certain pourcentage de population soit vacciné pour contrôler
une maladie donnée.
Toutefois, en pratique,
cette logique pose problème. Si chacun optait pour un telle approche,
personne ne se ferait vacciner et la menace de maladie mortelle atteindrait
de nouveaux sommets. Nous commençons à voir ce phénomène
se produire avec certaines maladies infantiles.1 C'est pourquoi la société
requiert une vaccination généralisée, ne tolérant
aucune complaisance, sauf quand la santé publique n'est pas mise en danger.
A petite échelle,
nous voyons ce qui peut se produire quand une population n'est pas immunisée,
en regardant les taux élevés de poliomyélite dans la communauté
amish. On peut suggérer que le concept halakhique de " D.ieu veille
sur le simple ", en cas de risques qui sont généralement
acceptés par la communauté, puisse me permettre de passer outre
la vaccination. Cet argument est difficilement recevable, du fait que la plupart
des gens ne sont pas prêts à prendre le risque de se passer de
vaccination.
DOIS-JE ME FAIRE VACCINER
?
Nous devons encore poser
la question de savoir si la loi juive demande la vaccination contre une maladie
dangereuse. Il existe plusieurs raisons possibles qui nous permettraient de
penser que la vaccination est nécessaire. Certaines mettent en avant
notre devoir par rapport à nous-même, d'autres, notre devoir par
rapport à autrui.
Maimonide déduit
l'obligation de guérir du commandement de restituer un objet perdu à
son propriétaire. Il raisonne que si l'on doit rendre un objet perdu
à son propriétaire, on doit sûrement lui rendre sa santé.
Plusieurs décisionnaires modernes tranchent que cette mitsvah inclut
l'obligation d'empêcher quelqu'un de tomber malade en premier lieu.
De plus, la Torah nous demande
de prendre soin de notre santé. En conséquence, nous devons suivre
des soins médicaux et éviter tout risque superflu. Mais Maimonide
énonce très clairement que nous avons l'obligation de prendre
activement soin de notre santé, ce qui signifie suivre des mesures préventives
(exercice, régime alimentaire, etc.).
Il semblerait que l'immunisation fasse partie du programme de santé préventif requis par la Torah.
Le Code de la Loi juive
(Shoul'han Aroukh, Yoreh Déah, 116) décrit cette obligation de
prévenir activement toute maladie et tout danger. Il existe un exemple
clair de la mitsvah de précautions préventives pour la santé,
dans la décision halakhique qui concerne des personnes résidant
dans une ville frappée par une épidémie. On doit prendre
des précautions pour éviter de contracter la maladie. Il existe
même une discussion qui établit que si quelqu'un était présent
dans une ville où l'épidémie s'est déclarée
et a survécu, il ne doit pas quitter la ville lorsque l'épidémie
se déclare à nouveau, car il est à présumer qu'il
est maintenant immunisé. Il semblerait que l'immunisation fasse partie
du programme de santé préventif requis par la Torah.
La Torah requiert aussi
que tu " ne reste pas impassible en voyant le sang de ton prochain couler
". Cette mitsvah est interprétée par le Talmud, comme exigeant
que l'on déploie des efforts positifs et que l'on s'investisse financièrement,
afin de protéger une personne en danger. Le Sefer Ha'Hinoukh, une explication
médiévale des 613 mitsvot de la Torah, tranche que la responsabilité
communautaire découle de ce verset. Nous pouvons logiquement étendre
cette décision à une obligation pour chaque personne d'empêcher
les autres de tomber malades, par des moyens tels que la vaccination (particulièrement
en périodes d'épidémies), afin de réduire le risque
que la maladie ne s'étende à d'autres.
Le Rabbin Shlomo Zalman
Auerbach, décisionnaire par excellence pour la loi juive en Israël
au 20ème siècle, a déterminé ce qui constitue un
danger de vie. Il tranche que si une personne a suffisamment peur de ne pas
être vaccinée et que la seule opportunité de se faire vacciner
se présente Chabbat (ou bien il faudrait attendre plusieurs années),
il serait permis de pratiquer la vaccination Chabbat ! Dans de telles circonstances,
la vaccination est clairement considérée comme une mitsvah.
Il existe plusieurs autres
sources bibliques et rabbiniques susceptibles de demander une action préventive
pour nous prémunir des maladies. Toutefois, l'étude succincte
qui vient d'être présentée nous permet de conclure que la
vaccination peut être considérée comme faisant partie de
notre obligation de protéger notre santé individuelle et collective.
PEUT-ON IMPOSER LA VACCINATION ?
Il nous reste encore une
question fondamentale à traiter : La société peut-elle
contraindre à la vaccination, en dépit du risque que celle-ci
représente ?
La société
a de nombreuses raisons d'encourager la vaccination collective, premièrement,
préserver la population des maladies et éviter les coûts
économiques élevés imputés aux maladies contagieuses
(qu'il s'agisse de dépenses de santé ou de baisses de productivité).
Mais d'un point de vue juif, peut-on imposer la vaccination?
Les particuliers sont en droit refuser une vaccination tant que leur refus ne présente pas de danger pour la santé publique.
Le Rabbin Shlomo Kamenetsky
de la Yeshiva Talmudique de Philadelphie maintient que bien qu'il soit correct
pour une société de contraindre à une vaccination de masse
sans s'inquiéter des rares cas de complications sérieuses, les
particuliers sont en droit refuser cette vaccination tant que leur refus ne
présente pas de danger pour la santé publique. Si le nombre de
personnes refusant la vaccination, est suffisamment important au point de poser
un risque sérieux pour la santé publique, la société
pourrait alors imposer à chacun de se faire vacciner. Il ne serait alors
pas convenable de définir quelles personnes pourraient être dispensées
du risque minime de vaccination, si d'autres sont obligés de s'y soumettre.
Bien sûr, ceci ne s'applique pas aux personnes pour lesquelles la vaccination
est médicalement contre-indiquée.
Avec une approche légèrement
différente, le Rabbin Yéhoshoua Neuwirth, un posek israélien
contemporain d'importance, déclare :
" On ne peut contraindre
une personne saine à recevoir un traitement comme mesure préventive.
Bien que l'on puisse essayer de la convaincre, on ne peut rien faire de plus.
S'il était absolument certain que cette personne représentait
un danger pour autrui, en propageant par exemple une maladie mortelle, il deviendrait
alors nécessaire de la contraindre à se faire vacciner, mais seulement
s'il est certain que le vaccin lui-même n'est pas dangereux pour elle.
"
Un autre expert contemporain
en législation juive, le Rabbin Eliezer Yéhouda Waldenberg, établit
que même des traitements médicaux préventifs ne peuvent
être imposés (tels que des examens pour la vue aux étudiants
des yéshivot).
CONSEQUENCES INATTENDUES : LA VARICELLE
En plus de la considération
éthique, soulevée jusqu'à présent, il faut mentionner
que les considérations scientifiques ont également des conséquences
éthiques.
Le vaccin contre la varicelle
soulève un autre problème lié à la vaccination.
La varicelle est habituellement une maladie infantile bénigne. Si cette
maladie est très incommode, elle est rarement fatale pour un enfant.
Par contre, si les adultes sont moins susceptibles de contracter la varicelle,
ils peuvent plus facilement en mourir. En fait, la varicelle peut se révéler
très grave pour un adulte.
Le dilemme se pose alors
aussi bien pour les individus que pour la société. Un enfant atteint
de varicelle est généralement protégé d'une nouvelle
contamination (bien que le zona soit une séquelle commune chez les adultes).
Si nous vaccinons la plupart des enfants, mais pas tous, la fréquence
de la maladie diminuera et les personnes non vaccinées seront peu susceptibles
de contracter la maladie étant enfants, mais plus susceptibles de la
contracter à l'âge adulte où elle est dangereuse.
En résumé,
si pour une petite partie de la population, nous déplacions le risque
de la varicelle de l'enfance à l'âge adulte, nous augmenterions
du même coup la mortalité que provoque cette maladie !
Pour cette raison, si un
vaccin offrait une protection à vie, l'argument en faveur d'une vaccination
collective se verrait alors considérablement renforcé - sans varicelle,
pas de zona. Les enfants comme les adultes en bénéficieraient
- les enfants ne contracteraient pas la varicelle et ne risqueraient pas d'être
atteints de zona à l'âge adulte, et les adultes ne seraient pas
vulnérables face à cette maladie.
Mais que se passe-t-il lorsqu'un
vaccin ne protége une personne que pendant 25 ans ? Faut-il s'inquiéter
du fait que la varicelle se trouve automatiquement reportée à
l'âge adulte ? Si des rappels peuvent théoriquement être
administrés, en pratique, peu de personnes les font sérieusement
et ces personnes auraient alors mieux fait d'attraper la maladie étant
enfants. Le vaccin est utilisé au Japon depuis 25 ans avec une résistance
continue. Nous ne pouvons qu'espérer que l'immunité à vie
pourra être prouvée.
QUEL TYPE
DE VACCIN DEVONS-NOUS EMPLOYER ?
Même le type de vaccin
employé peut prêter à controverse. Les vaccins sont principalement
de deux types : à base de virus vivants ou tués. Par exemple,
le vaccin Salk originel contre la polio, découvert dans les années
50, est un virus mort qui ne comporte aucun risque de polio. Le vaccin oral
Sabin, découvert quelques années plus tard, est un virus vivant
affaibli, qui comporte 2 à 4 chances sur un million de causer une polio.
Pourquoi ne pas employer uniquement le vaccin Salk ?
Parce que ce vaccin permet
uniquement d'atteindre une immunité sanguine, qui protége la personne
vaccinée tout en la laissant transmettre la maladie à d'autres.
Le vaccin Sabin, en provoquant
une infection intestinale avec le virus affaibli, induit l'immunité dans
l'individu qui est vacciné et empêche la transmission du virus
à d'autres. Mais plus important, puisque la personne vaccinée
a été inoculée avec le virus affaibli, elle peut le transmettre
aux personnes qui l'entourent, exactement comme la polio peut l'être naturellement.
Ce qui permet d'immuniser des personnes qui ne se sont même pas faites
vaccinées oralement. Le désavantage provient d'ailleurs de ce
même avantage - du fait que le vaccin Sabin est un virus vivant, il existe
un très petit risque qu'il cause la polio à ceux qui sont vaccinés
directement ou indirectement.
Nous sommes donc confrontés
à un autre dilemme. Alors que le vaccin Salk protége l'individu
vacciné, il ne peut pas empêcher les épidémies. D'un
autre côté, le vaccin Sabin peut empêcher les épidémies
en immunisant même ceux qui ne sont pas vaccinés, tout en comportant
un risque très faible, mais sérieux.
RESPONSABILITE
ET VACCINATION
Suis-je responsable du mal
causé, si après avoir administré le vaccin Sabin la personne
développe la polio, ou si après avoir administré le vaccin
contre la variole, la personne est atteinte de variole bovine qui met sa vie
en danger ? Le laboratoire ayant fabriqué le vaccin est-il responsable
des complications rares, mais prévisibles qui peuvent être la conséquence
de leurs produits ?
La loi juive interdit à
quelqu'un de se faire du mal. Cette prohibition est appelée "
'hovel bé'atsmo ". De plus, si je demande à quelqu'un
de me frapper, celui qui me frappe est passible de rembourser les dommages pour
le mal qu'il m'a infligé.
Pourtant, si le Talmud interdit
clairement à quelqu'un de se faire du mal, il existe des exceptions à
cette règle. Si le bénéfice que l'on gagne de la blessure
infligée, dépasse le mal qui a été fait, alors c'est
permis. L'exemple le plus flagrant est celui de la chirurgie. Je peux certainement
autoriser un chirurgien à m'opérer pour une condition qui met
ma vie en danger. A partir du moment où le chirurgien est compétent,
il est dégagé de toute responsabilité si des conséquences
négatives se produisaient.
La même règle
s'applique pour la responsabilité à l'égard de la vaccination.
Si les risques sont clairement établis dès le départ, dans
la mesure des connaissances scientifiques du moment, et qu'il n'existe pas de
moyens de réduire le risque sans compromettre l'efficacité du
vaccin, alors selon la loi juive, le laboratoire ayant fabriqué le vaccin
et la personne ayant administré l'injection, se voient dégagés
de toute responsabilité. S'il est clair qu'il existe une possibilité
d'amoindrir le danger et que le laboratoire ait refusé de l'adopter,
il peut y avoir des motifs de poursuite.
DOIT-ON SE FAIRE VACCINER CONTRE LA VARIOLE ?
La décision de se
faire vacciner peut être prise essentiellement après avoir pesé
le pour et le contre. Nous devons donc déterminer la prédominance
et la gravité d'une maladie et la mesurer au risque encouru lors de la
vaccination. Le vaccin idéal est celui qui n'aurait aucun effet secondaire
et protègerait contre une maladie mortelle très répandue.
Si ceci est rarement possible, des vaccins ne présentant que des cas
infimes d'effets secondaires sérieux, ont tout de même été
créés pour les maladies mortelles les plus répandues, comme
la tuberculose, la diphtérie et le tétanos.
Nous acceptons de courir
un plus grand danger de vaccination uniquement lorsque le danger que pose la
maladie est suffisamment élevé, tel que le vaccin Sabin contre
la polio dans les années 50. Ceci s'appliquait certainement au vaccin
contre la variole, lorsque le risque de contamination était élevé.
Jusqu'à l'apparition
du virus HIV dans les années 80, toute une génération d'américains
n'avait pas été confrontée à l'éventualité
de mort pour cause de maladie infectieuse. L'épidémie du SIDA
a réveillé le besoin de nouveaux vaccins sûrs et efficaces
pour combattre les maladies infectieuses.
La difficulté qui
se pose lorsque l'on doit décider s'il faut se faire vacciner contre
la variole est que nous ne pouvons pas mesurer l'ampleur du risque d'attraper
la maladie.
Personne n'a contracté
cette maladie, depuis plus de 25 ans. Les effets secondaires liés à
la vaccination, qui étaient facilement acceptés lorsque la maladie
faisait rage, sont maintenant examinés avec minutie, alors que le monde
se demande si le risque d'une attaque terroriste est supérieur au risque
que pose la vaccination.
Si nous ne possédons
pas de plus amples informations, venant de ceux qui sont le mieux placés
pour mesurer ce risque, c'est-à-dire le gouvernement américain
(ou israélien), nous sommes incapables de peser le pour et le contre.
Sans l'éventualité crédible du déclenchement d'une épidémie de variole, une vaccination massive paraît injustifiée, surtout que le vaccin reste efficace même après exposition à la maladie.
Présentement, le
gouvernement des Etats-Unis ne recommande pas une vaccination de masse, il considère
le risque comme suffisamment petit et se permet de laisser la population non
vaccinée. Sans l'éventualité crédible du déclenchement
d'une épidémie de variole, une vaccination massive paraît
injustifiée, surtout que le vaccin reste efficace même après
exposition à la maladie.
Toutefois, le gouvernement
recommande que les professionnels de la santé se trouvant en première
ligne, se fassent vacciner, par mesure de précaution. Nous devons assumer
que le gouvernement a accès à des informations qui suggèreraient
que le risque d'exposition potentiel de ces professionnels justifie la recommandation
que ce groupe particulier de personnes se soumette au risque mortel minime que
présente le vaccin.
Le gouvernement israélien,
qui est indubitablement soumis à un risque encore plus grand d'attaque
à la variole, aurait vacciné 40.000 soldats et professionnels
de la santé, mais choisi de ne pas vacciner la population dans son ensemble,
dans l'espoir que celle-ci pourrait être vaccinée entièrement
en l'espace de quatre jours, si cela s'avérait nécessaire.
La menace à laquelle
la population américaine est exposée est très certainement
plus faible que celle à laquelle est exposée la population israélienne.
Pour ce qui est du présent,
prions que le monde n'ait plus jamais besoin de recourir au vaccin contre la
variole !
Notes :
1. Cas de coqueluche (ou bordetella pertussis) chez les adultes en augmentation
01-09-2003 (Reuters Health)
NEW YORK (Reuters Health) - Les fonctionnaires de la santé au gouvernement
pressent les physiciens d'envisager un diagnostique de la coqueluche chez les
adultes dont la toux durerait deux semaines ou plus, particulièrement
pour ceux ayant des quintes de toux, des inspirations sifflantes, ou une toux
suivie de vomissements.
" Le nombre de cas de coqueluche chez les adultes a augmenté significativement
depuis les années 80 ", reportent les épidémiologistes
des Centres américains de Contrôle et de Prévention des
Maladies dans le Rapport Hebdomadaire sur la Mortalité et la Morbidité
du 9 janvier. " Les adolescents et les adultes constitueraient les réservoirs
de coqueluche bordetella de la communauté et ceci serait dû à
une immunité affaiblie induite par le vaccin ", préviennent-ils.
En conséquence, le Centre de Contrôle et de Prévention des
Maladies affirme que le vaccin contre la coqueluche " pourrait jouer un
rôle futur dans la prévention de la maladie et le contrôle
d'épidémies parmi les sujets de groupes plus âgés.
"
Les fonctionnaires du Centre
de Contrôle et de Prévention des Maladies décrivent l'épidémie
de coqueluche qui s'est produite entre août et octobre 2002 parmi les
ouvriers d'une raffinerie pétrolière dans l'Illinois. Dix-sept
ouvriers furent diagnostiqués porteurs de la coqueluche et sept autres
patients atteints furent identifiés dans la communauté. Tous les
24 furent traités avec succès avec des antibiotiques macrolides.
Il est à noter que
la coqueluche n'avait pas été retenue initialement chez le patient
répertorié qui avait pourtant une toux vieille de 14 jours, jusqu'à
ce que son supérieur se présente, porteur des mêmes symptômes.
Selon le Centre de Contrôle
et de Prévention des Maladies, la coqueluche est la seule maladie, pour
laquelle la vaccination infantile généralisée est recommandée
aux Etats-Unis, et dont l'incidence aurait augmentée durant les 20 dernières
années. Rapport de Morbidité et de Mortalité Hebdomadaire
2003 ; 52 :1-4.
2. Plusieurs de ces décisions
peuvent être retrouvées dans DiPoce and Buchbinder, " Preventative
Medecine ", Journal of Halacha and Contemporary Society, Automne 2001 (no.
XLII, p. 70-101).
Traduction et Adaptation
du Tsiporah Trom