La singularité du
couvre-chef juif est sous-entendue dans la bénédiction que nous
récitons chaque matin, lorsque nous remercions D.ieu de " couronner
Israël de splendeur " (Talmud, Berakhot 60b).
Le Talmud nous apprend que
le port de la Kippa a pour but de nous rappeler que D.ieu est l'Autorité
suprême " au-dessus de nous " (Kiddouchin 31a). Du fait que
nos actions suscitent généralement un éveil intérieur,
placer " quelque chose " de tangible et de symbolique " au-dessus
" de nos têtes peut renforcer l'idée que D.ieu nous observe
en permanence. La Kippa est donc un moyen d'exprimer notre sens profond de respect
pour D.ieu.
Tant que nous sommes à
la synagogue ou assis à la table de Chabbat, il nous est facile de penser
à D.ieu. Mais, idéalement, la conscience de notre identité
juive doit dominer chacun des aspects de notre vie - nos relations avec les
autres, la manière dont nous conduisons nos affaires, notre vision du
monde.
Il est donc significatif
que le mot yiddish pour couvre-chef " yarmulke ", vienne de l'araméen
" yira malka " qui signifie " crainte du Roi ".
En hébreu, le couvre-chef
est appelé " Kippa " -- littéralement " dôme
".
S'AFFIRMER
Porter la Kippa est une
façon d'affirmer : " Je suis fier d'être juif ". Il est
intéressant de constater que lorsque les juifs non observants se rendent
en Israël, ils portent souvent la Kippa, pendant la durée de leur
séjour. Ceci provient peut-être du sentiment que la Terre d'Israël
toute entière a le même degré de sainteté qu'une
synagogue. Ou bien de la disparition de cette gêne qui accompagne souvent
l'expression publique de notre judaïté dans la Diaspora.
Le port de la Kippa est
d'ailleurs une affirmation de taille, elle oblige celui qui la porte à
adopter un certain niveau de conduite. Une personne doit alors réfléchir
à deux fois avant de doubler dans une file à la banque, ou de
tancer vertement un serveur incompétent. Le port de la Kippa fait de
nous des ambassadeurs de la Torah et a un retentissement sur tous les autres
juifs. Les actions d'un homme portant la Kippa peuvent créer un Kiddoush
Hashem (sanctification du Nom divin) ou à l'opposé un 'Hilloul
Hashem (profanation de Son nom).
Bien sûr, le fait
de mettre une Kippa ne nous confère pas automatiquement le statut de
" modèle ". Nous entendons parfois malheureusement qu'une personne
pratiquante a commis certains écarts de conduite. Je me rappelle avoir
vu un homme ivre débraillé marcher dans la rue et portant une
Kippa ! Il n'était pas juif, mais avait simplement trouvé une
vieille Kippa et pensait que cela lui permettrait de mieux se fondre dans l'atmosphère
du quartier. Cet incident m'a permis de comprendre qu'il n'est pas juste de
" juger le judaïsme ", en se basant sur celui qui présente
des signes d'observance extérieurs.
QUAND PORTER UNE KIPPA
D'un point de vue biblique,
seuls les kohanim (prêtres), servant dans le Temple, devaient se couvrir
la tête (voir l'Exode 28 : 4). Pourtant, depuis plusieurs siècles,
la coutume veut que les hommes juifs portent une Kippa en toutes circonstances,
ainsi que le dit le Code de la Loi juive : " Il est interdit de parcourir
4 coudées sans avoir la tête couverte. "
Doit-on porter une Kippa
en faisant du sport ?
Cette question a été récemment soulevée avec toute
la publicité entourant Tamir Goodman, un joueur de basketball, juif pratiquant,
qui fait actuellement sensation aux Etats-Unis.
La réponse est qu'il
est préférable de porter une Kippa, même petite, accrochée
à ses cheveux. (Les bandes velcro sont très efficaces !) Si c'est
impossible, à cause des conditions ou des règles de jeux, il est
acceptable de jouer sans Kippa.
Quand on nage ou que l'on
prend un bain, on ne doit pas porter de Kippa.
Un couvre-chef est par contre
obligatoire lorsque l'on prie ou que l'on étudie la Torah.
Quelle sorte de couvre-chef
faut-il employer ?
De manière générale, tout est acceptable - aussi bien une
casquette de baseball, qu'un foulard noué sur la tête. Bien sûr,
à l'intérieur d'une synagogue, il est plus respectueux d'utiliser
une simple Kippa.
Quelle taille doit-elle
avoir ?
Selon Rav Moshe Feinstein, la mesure minimale est tout " ce qui peut être
appelé couvre-chef ". Selon Rav Ovadia Yosef, la Kippa doit être
suffisamment large pour être visible de tout côté.
Le style de Kippa que l'on
porte est révélateur d'un phénomène sociologique
intéressant, elle dénote souvent l'affiliation d'une personne
à un certain groupe. Ainsi, les juifs de style yéshiviste portent
une kippa de velours noir. Les juifs sionistes portent souvent une kippa crochetée
de couleur. De nombreux juifs 'hassidiques portent une toque en fourrure (shtreimel
ou spodik) pour Chabbat et les jours de fête.
De manière additionnelle,
beaucoup d'hommes portent également un chapeau pendant la prière,
afin d'accroître leur conscience de la présence du Tout-Puissant,
quand ils se tiennent devant Lui (Mishna Beroura 183 : 11).
LA KIPPA AU TRAVAIL
Que se passe-t-il si le port de la
kippa entre en conflit avec la pratique d'un travail ou nos chances de promotion
?
Rav Moshe Feinstein écrit
que dans certains cas, il est possible d'être laxiste. Par exemple, il
est possible qu'un avocat ne serve pas son client correctement si le jurée
est distrait par sa Kippa. Le sénateur américain Joe Lieberman
utilise peut-être un raisonnement similaire.
Ceci peut bien sûr
marcher dans les deux sens. Un homme d'affaire influant m'a une fois raconté
que pour chaque client qu'il " perdait ", à cause de sa Kippa,
il en gagnait deux, qui respectaient cette affirmation de son intégrité
et son courage à porter la Kippa.
Une histoire rapporte que
Rabbi Levi Its'hak de Berditchev vit une fois un homme en train de courir. Il
l'interpella :
" Où courrez-vous donc ? "
" Je me rends à mon travail ", répondit l'homme.
" Mais peut-être votre gagne-pain se trouve-t-il justement dans l'autre
direction - et que vous vous en éloignez ! ", rétorqua le
Rabbi.