Mazal tov! Un garçon
est né - un garçon qui sera, avec l'aide de D.ieu, une source
de fierté et de joie pour sa famille et tout le peuple juif. Cette naissance
donne lieu à plusieurs coutumes, la plus grande fête étant,
bien entendu, la Brith Mila (circoncision). Dans le cas d'un premier-né,
on peut accomplir aussi, sous certaines conditions, la mitsva du Pidyon Haben
(voir l'article Pidyon Haben).
D.ieu dit à Abraham:
"Pour toi, sois fidèle à mon alliance, toi et ta postérité,
après toi dans tous les âges." (Genèse, 17,9)
En dépit des décrets
d'Antiochus qui proscrirent, entre autres, la Brith Mila et malgré les
expulsions et les persécutions dont a souffert notre nation tout au long
de son exil, le peuple juif n'a jamais cessé d'accomplir cette mitsva.
Jusqu'à ce jour,
pratiquement chaque Juif, quel que soit son niveau d'engagement religieux, observe
ce précepte bien-aimé avec zèle et joie, réalisant
par ce moyen les paroles des sages: "Toute mitsva pour laquelle un Juif
est prêt à sacrifier la vie, comme la Brith Mila, sera toujours
pratiquée"; et: "Chaque mitsva que les Juifs acceptèrent
avec joie, comme la Brith Mila, sera toujours accomplie avec joie" (Talmud
- Chabbat 130a).
LE PREMIER
CHABBAT DU BEBE
Un usage très répandu
chez les Ashkénazes est le Chalom Za'har qui se tient le vendredi soir
après la naissance dans la maison des parents du bébé.
Ce soir-là, les gens sont en général chez eux et donc,
plus disponibles pour venir y participer (Troumat Hadechen 269). Des rafraîchissements
leur sont servis mais pas un repas complet.
Celui qui désire entrer dans l'alliance éternelle avec D.ieu (le Roi), doit préalablement célébrer la Reine Chabbat.
Le rabbin Pessah Krohn explique
ainsi cette coutume:
Pendant que l'enfant est
en gestation, un ange vient lui enseigner toute la Torah. Juste avant la naissance,
l'ange lui touche la bouche ce qui provoque l'oubli par l'enfant de tout ce
qu'il a appris (Talmud -Niddah 30b). La réunion dans sa maison a pour
but de le consoler de cette perte (Taz - YD 265,13). Et puisque le bébé
est " en deuil ", on mange habituellement des lentilles, des haricots
et des pois chiches car ce sont des aliments consommés traditionnellement
par les personnes en deuil (Za'her HaBrith 3,6).
En outre, le Midrach (Le
Lévitique Rabba 27, 10) relate la parabole d'un roi qui visite une province
et décrète que toute personne souhaitant lui demander une audience
à titre privé, devra présenter d'abord ses hommages à
la reine. De même, celui qui désire entrer dans l'alliance éternelle
avec D.ieu (le Roi), doit préalablement célébrer la Reine
Chabbat.
Les communautés sépharades
ont une tradition similaire qui est l'étude de passages du Zohar la veille
de la Brith Mila; cette soirée est appelée Brith Itsh'ak.
LA VEILLE DE LA CIRCONCISION
Une belle coutume lors du
soir précédant la Brith Mila est de faire venir des enfants dans
la maison du nouveau-né afin qu'ils récitent le "Chéma
Israël" en sa présence. On leur donne des sucreries pour les
encourager à venir.
De plus, cette nuit, on
a l'usage de lire la Torah dans la maison du bébé.
Quels doivent être
les préparatifs pour le jour suivant? Il faut préparer principalement
le repas de fête (séoudat mitsva) qui va suivre la Brith
Mila et à l'issue duquel seront prononcés les bénédictions
spéciales au cours des Actions de Grâces (Bircat HaMazon)
dites à la fin du repas.
Le bébé est
généralement habillé tout en blanc. Il faut également
apporter du vin pour les bénédictions.
HONORER
LA FAMILLE ET LES AMIS
Le "sandak" tient le bébé sur ses genoux pendant la circoncision, honneur tenu pour égal à celui d'offrir l'encens au Temple.
Prendre part à une
circoncision est considéré comme un grand honneur. Voici les "tâches"
variées distribuées à titre honorifique à certains
invités:
1. "Kvatter"
- en général un couple marié, de préférence
n'ayant pas encore d'enfants. Cet honneur est considéré de bon
augure pour avoir des enfants. La maman du bébé le tend à
la femme "kvatter" qui, à son tour, le passe à
son époux. Celui-ci amène l'enfant dans la salle où va
s'effectuer la Brith Mila.
2. "Sur la chaise de Eliahou": la personne chargée de cet honneur
place le nouveau-né sur le "Trône de Eliahou", surélevé
et somptueusement paré, car la tradition dit que le prophète Elie
assiste à chaque Brith Mila.
3. "De la chaise de Eliahou": une autre personne prendra le bébé
du "trône".
4. "Sandak": C'est le plus grand honneur, accordé, en
général, au grand-père, à un homme âgé
ou à un grand érudit. Le "sandak" tient le bébé
sur ses genoux pendant la circoncision, honneur tenu pour égal à
celui d'offrir l'encens au Temple.
5. Mohel: la personne qui procède à l'excision de la peau
du prépuce, doit craindre D.ieu et être compétent. (Une
Brith Mila diffère de la "circoncision laïque" car elle
implique des étapes supplémentaires appelées Priyah et
Metzitzah. Un enfant circoncis par un médecin à l'hôpital,
la
plupart du temps, n'est pas considéré comme circoncis au sens
de la Loi juive.)
6. Bénédictions: la personne qui a reçu cette "tâche"
récite les bénédictions et annonce le nom de l'enfant.
7. "Pendant les bénédictions": pendant que les bénédictions
sont prononcées et que le nom est donné, une personne tient le
bébé dans ses bras.
LE SYMBOLISME
DE LA CIRCONCISION
Comme mentionné plus
haut, la nuit avant la Brith Mila, il est de coutume dans certaines communautés
de faire venir des enfants dans la maison du nouveau-né pour qu'ils récitent
le "Chéma Israël" à côté de lui. Le
Zohar explique que, avant la Brith Mila, des forces spirituelles impures essaient
de nuire à l'enfant; pour cette raison, des enfants qui sont trop jeunes
pour avoir péché, viennent réciter le Chéma Israël
, la prière ayant le pouvoir d'éloigner du nouveau-né ces
forces malfaisantes.
La signification de cet
usage est confirmée une nouvelle fois quand le père, au début
de la cérémonie de la Brith Mila, proclame à son tour "Chéma
Israël". Mais pourquoi justement le Chéma? Et pourquoi le dire
à un enfant qui ne comprend pas et n'est pas conscient de ce qui lui
arrive?
Bien que la source de cette
coutume soit cabalistique et, par conséquent, puisse nous paraître
abstraite, nous pouvons, quand même, mettre en accord notre vie quotidienne
avec ce qu'elle signifie profondément et la transmettre à nos
enfants. Ainsi:
Rabbi Yéhoshoua
ben Korcha demande: " Pourquoi le Chema est-il rédigé dans
cet ordre? Afin que nous acceptions d'abord le joug de la Royauté divine
et ensuite celui des mitsvot (commandements). " (Talmud)
Le Chéma a le pouvoir d'amener la personne à tendre vers des objectifs plus élevés et plus spirituels dans sa vie.
Dire le Chéma au
nouveau-né symbolise l'expression de la foi pure qui va bien au-delà
de la compréhension. Les "forces spirituelles impures" risquant
de nuire au bébé peuvent causer non pas un dommage physique mais
spirituel. Elles peuvent, par exemple, l'entraîner vers le matérialisme
ou la rébellion quand il va grandir. Le Natsiv de Volojhin ( Rabbi Naftali
Tsvi Yéhouda Berlin, 1854-92) dit que le Chéma a le pouvoir d'amener
la personne à tendre vers des objectifs plus élevés et
plus spirituels dans sa vie. Réciter le Chéma au bébé
peut renforcer son potentiel de spiritualité.
Après la Brith Mila,
l'enfant porte sur son corps le symbole de la foi mais avant, il a besoin de
l'expression de cette foi le reliant à D.ieu. Le fait qu'il ne comprenne
pas n'est pas important, parce que la croyance est au-dessus de la compréhension.
C'est cette foi, enchâssée
dans l'âme de chaque Juif, qui a poussé un petit garçon
âgé de trois ans, Abraham, à chercher D.ieu. C'est cette
foi que nous essayons d'insuffler à nos enfants.
Pourquoi acceptons-nous
le joug divin et seulement après celui des mitsvot? Parce que beaucoup
de mitsvot sont logiques et nous sommes en mesure de les observer même
sans ordre divin. Nous nous soumettons au joug céleste en premier lieu
afin de proclamer notre engagement à accomplir sans distinction toutes
nos misvot car elles nous sont ordonnées par le créateur.
Cette proclamation nous
donne aussi la force d'accepter les mitsvot que nous ne comprenons pas car,
si de nombreux commandements divins sont logiques, d'autres nous paraissent
complètement illogiques.
D'une façon similaire,
beaucoup d'événements se produisant dans le monde renforcent notre
foi, cependant d'autres péripéties dans notre vie personnelle
ou au cours de l'histoire auraient tendance à l'ébranler.
C'est pourquoi, nous disons
le Chéma pendant la journée, lorsque tout est clair et lumineux;
il nous semble alors que nous pouvons saisir les chemins de D.ieu. Nous disons
également le Chéma la nuit, quand tout est confus et sombre et
que les desseins divins nous paraissent cachés.