Chez les Heller de Los Angeles,
il y avait une fois à leur table un invité venu pour affaires
en cette ville. A un moment donné, pendant le repas, l'invité
demanda :
" Vous dînez
comme cela tous les soirs ? "
" Comme quoi ? "
demanda en retour Madame Heller.
" Vous comprenez ce
que je veux dire, ainsi, avec vos enfants. (Les Heller avaient alors une bonne
petite bande d'enfants en bas âge)
" Oui, bien sûr
, Et vous, vous ne
mangez pas avec vos enfants ? " répondit Madame Heller.
" Non, ma femme sert
les enfants avant que je ne rentre du travail. Après quoi, je peux manger
dans le calme "
Je vous laisse le soin d'imaginer
le message que les enfants captent à partir d'une telle position des
parents ! Lorsque les parents montrent une volonté de passer du temps
avec leurs enfants, cela fait que les enfants se sentent valorisés ;
cela contribue à l'estime dans laquelle ils se tiennent eux-mêmes.
Les enfants sentent qu'ils ont de la valeur si nous désirons être
avec eux. Evidemment, dire qu'on jouit agréablement des enfants dans
ces moments est plutôt hypothétique. Mais ce qu'il faut considérer,
en vérité, c'est le temps PLUS le plaisir.
Voulons-nous passer du temps avec nos enfants ? Est-ce que nous y tenons plus qu'à toute autre chose ?
Le temps est bien l'investissement
le plus considérable que nous puissions réaliser dans le domaine
de l'éducation de nos enfants. Quelqu'un a une fois affirmé que
si on ne passe pas assez de temps avec nos enfants lorsqu'ils sont petits, alors
nous en sommes réduits à passer du temps avec eux quand ils sont
plus âgés; et alors, ce ne sera certainement pas de la manière
que nous trouvons souhaitable !
Il y a lieu de considérer
deux aspects dans le fait de passer du temps avec nos enfants.
1 . L'un est la quantité
de temps que nous passons par plaisir avec nos enfants.
2 . L'autre considère le temps que nous prenons pour construire consciencieusement
l'environnement dans lequel sera construit l'estime de soi chez nos enfants.
Un environnement qui suscite
les valeurs de l'éducation ne vient pas tout seul. Chabbath est une excellente
occasion de passer avec les enfants un temps très bénéfique.
Nous profitons alors de ce que nous ne sommes pas perturbés par notre
activité professionnelle, ni par le téléphone, ni par les
jeux électroniques, nous pouvons alors plus facilement nous concentrer
sur les relations que nous désirons créer et sur ce que nous organisons
en vue de susciter de bons sentiments en nos enfants.
UN TEMPS
BIEN EMPLOYE
Lorsqu'un enfant atteint
l'âge de cinq ans, il possède déjà une grande partie
de l'idée générale de lui-même. Ce qui nous pose
brutalement la question: de qui est-ce l'œuvre ? Qui aura formé
en l'enfant cette idée qu'il a déjà de lui-même ?
Qui donc crée l'environnement
dans lequel nos enfants se trouvent quotidiennement ?
Evidemment, si les circonstances
sont telles que les deux parents doivent se rendre au travail, alors ils doivent
agir de leur mieux, sans que l'on ne puisse en aucune manière les culpabiliser
pour leurs carences, celles-ci étant indépendantes de leur bon
vouloir.
Toutefois, si une maman
a la possibilité de se trouver au foyer, elle a tout intérêt
à bien réfléchir au temps et à l'attention qu'elle
peut ainsi vouer à ses enfants.
Les concepts enfantins se
construisent chaque jour. Chacune des expériences vécues par l'enfant
imprime son cachet sur son psychisme. Alors, quelle sera la personne qui va
imprimer son cachet sur le psychisme de cet enfant ???
Une maman est ravie de chaque
progrès de son enfant. Elle est pleine de bonheur rien qu'en voyant comment
son enfant lui fait un sourire ou tourne sa petite tête vers elle. Elle
est même capable de lui embrasser les orteils lorsqu'elle le change. D'avance,
elle se réjouit de le voir, dans son berceau, lever la tête après
sa sieste. Un babby-sitter peut-il remplacer cela ???
Le temps que nous passons
à gâter nos enfants (sans exagérer évidemment) constitue
un investissement favorable à l'estime dans laquelle ils se tiendront.
Personne ne le fait comme une maman, bien que la grand'mère la suive
de près
Les enfants ne comprennent pas grand chose aux préoccupations et aux désirs de leurs parents.
Les enfants ne comprennent
pas grand chose aux préoccupations et aux désirs de leurs parents, lorsque ceux-ci
emploient leur temps disons à gagner de l'argent, à rechercher des satisfactions
professionnelles, à trouver comment s'exprimer de manière créative, ou comment
avoir une vie sociale ou intellectuelle. Seuls leurs besoins sont réels, à leurs
yeux. Ils sont beaucoup trop absorbés par eux-mêmes, pour qu'ils considèrent
nos nécessités.
Etre parents
impose quelquefois de laisser temporairement de côté nombre de nos besoins.
Si nous prenons soin des besoins en temps et en attention de nos enfants lorsqu'ils
sont petits, nous les aidons ainsi à construire les fondations de leur avenir.
Trouver un équilibre entre leurs besoins et les nôtres est un important problème
qui mérite que nous le résolvions bien.
Les enfants veulent notre
temps plus qu'ils ne veulent des objets matériels. Ils préfèreraient même que
leurs parents soient avec eux à la maison, et qu'ils roulent dans une vieille
voiture, à moins qu'ils n'aient subi de lavage de cerveau par les adultes (
ou par les publicités ) leur faisant croire que les choses sont plus importantes
que les personnes. A tel point que si nous sommes continuellement pris par notre
travail en vue de payer la nouvelle maison ou la nouvelle voiture, en nous disant
que nous faisons cela pour nos enfants, il serait vraiment nécessaire que nous
y réfléchissions à deux fois.
Souvent les parents s'acharnent
au travail pour l'avenir de leurs enfants. " Nous travaillons maintenant pour
qu'un jour nous puissions payer des études à nos enfants " semble une phrase
très noble, certes. Mais en réalité l'avenir de nos enfants dépend bien plus
de ce qu'ils reçoivent de nous lorsqu'ils sont petits, que de ce qu'ils iront
ou n'iront pas à l'université.
Peut-être disons-nous la
chose de manière un peu péremptoire. Mais dites-vous bien que si nous privons
nos enfants pendant les années formatrices qui sont d'une importance primordiale,
ce ne sont sûrement pas les "Grandes" Ecoles qui combleront leur manque !
L'idée qu'ils se font d'eux-mêmes
et l'estime dans laquelle ils se tiennent se construisent l'une et l'autre lorsque
les enfants sont jeunes. Nous avons une chance - c'est maintenant, pas plus
tard.
Traduction et Adaptation du Rabbin Schlammé