Il n’est pas nécessaire d’attribuer la décision
d’exhiber la photo d’un juif en habit ‘hassidique embrassant
Mahmoud Ahmadinejad à la récente conférence négationniste
sur l’Holocauste à Téhéran à un désir
de présenter les juifs de la Torah sous une lumière répugnante.
Quel journaliste pouvait résister à ce cliché provocateur
?
J’avouerais toutefois un certain ressentiment à avoir été contraint
de désavouer cette poignée de clowns qui ne peuvent revendiquer
le soutien d’une seule autorité rabbinique et qui ont été rejetés
par la communauté toranique toute entière. La direction du mouvement
Satmar à Brooklyn résume les choses ainsi : « [Ceux qui
se sont rendus en Iran] ont piétiné la mémoire de leurs
ancêtres et de leur peuple. Ils ont embrassé les disciples et
les adeptes de leurs meurtriers. »
Ha’Eda, l’organe officiel de la Eda ha’harédit, férocement
anti-sioniste, a qualifié ceux qui ont assisté à la conférence
de Téhéran d’être un « groupuscule de gens
insensés, responsables d’inciter la haine contre les juifs ‘harédi
(craignants D.ieu) ». L’éditeur du journal, Chmouel Pappenheim,
les a fustigés pour avoir ignoré l’ « opinion des
sages de la Torah » dans la poursuite d’un zèle anti-sioniste
dénaturé.
Aharon Cohen de Manchester,
Grande-Bretagne, l’un des participants à la
conférence de Téhéran, a reçu une lettre l’informant
de son expulsion de la ‘Hevra Kadicha (société de purification
mortuaire) à laquelle il appartenait, et lui demandant de ne plus remettre
les pieds à Ma’hzikei Hadass, la plus grande synagogue de Manchester.
Il a aussi été informé qu’il est maintenant persona
non grata au beit hamidrach (hall d’étude) de Satmar de Manchester.
Le Rabbin El’hanan Halperin, figure vénérable de la communauté ‘harédite
de Golders Green à Londres, a émis des instructions similaires
concernant son beit hamidrach.
Ce positionnement n’a rien de nouveau. Il y a plus d’un quart
de siècles, le Rav ‘Haïm Shmuelevitz, roch yechiva de Mir à Jérusalem,
a expulsé Moche Hirsch, « ministre des affaires étrangères » auto-proclamé d’un
groupuscule de Netourei Karta, du beit hamidrach de Mir. Une proclamation jointe
de Satmar et d’autres groupes ‘hassidiques note que ces « mauvais
associés de nos ennemis » sont « éjectés de
nos synagogues et de nos communautés depuis des dizaines d’années ».
Le Grand Rabbin Schakh
a dit à de nombreuses reprises que de la même
manière que celui qui renie une mitsvah de la Torah est considéré apikoros ou
hérétique, de la même manière celui qui élève
n’importe quelle mitsvah (ou prétendue mitsvah) de la Torah au-dessus
des autres. Lors d’une manifestation du Hamas à Washington en
2002, un orateur habillé comme un ‘hassid a justifié l’emploi
d’un microphone en disant que la destruction de l’Etat d’Israël
a préséance sur l’interdiction du Chabbat.
Même ce groupuscule de gens scrupuleux dans l’observance du Chabbat
qui participe à chaque manifestation contre l’Etat d’Israël,
où sont susceptibles de se trouver des caméras, se conduit comme
des imposteurs. Seul un juif rendu fou par sa haine du sionisme et de l’Etat
d’Israël peut rejoindre les pires bouchers ou les bouchers potentiels
de notre temps. Des documents capturés lors de l’opération « Bouclier
Protecteur » en 2002 montrent que Moche Hirsch a reçu de l’argent
de Yasser Arafat, qu’il a embrassé en public en de nombreuses
occasions.
Il y a plusieurs dizaines
d’années, Moche Hirsch fut choisi comme « rabbin » du
Pourim shpiel (pièce humoristique) de sa yechiva aux Etats-Unis et il
semble tenir ce rôle depuis, alors que la farce a déjà tourné au
vinaigre. Quand on aime l’attention, on la cherche à n’importe
quel prix.
« Le sceau du Tout-Puissant, béni soit-Il, est la vérité » disent
nos Sages. Pourtant, ceux qui sont partis à Téhéran, en
toute âme et conscience, ont donné crédit au plus grand
mensonge des temps modernes.
Les leaders des opposants
religieux au sionisme n’ont jamais assimilé l’ennemi
de leurs ennemis à leur ami. Le maire John Lindsay a rendu visite lors
de sa campagne électorale au dernier Satmar Rebbe, Rav Yoël Teitelbaum,
l’opposant idéologique le plus virulent au sionisme. A la fin
de l’entrevue, le Rebbe de Satmar a expliqué pourquoi il n’a
pas dit un mot contre Israël : « Quand un non juif déteste
Israël, il déteste les juifs. »
L’opposition théologique au sionisme n’a jamais été un
motif pour nous détourner du souci concernant le bien-être et
la sécurité des juifs d’Israël. L’Agoudat Israël
est anti-sioniste depuis sa création, pourtant, Moche Sherer, président
de longue date de sa branche américaine, disait souvent qu’il
ne ménageait aucun effort lorsqu’il s’agissait de la sécurité d’Israël.
A maintes reprises, il
a mis son réseau de contacts au Congrès
américain au service des dirigeants israéliens. Ainsi, à une
réunion à l’ambassade israélienne de Washington,
le 17 juin 1970, Moche Sherer a offert à l’ambassadeur Yitzhak
Rabin « notre aide en quelque manière qu’elle puisse être
employée ».
Même la politique générale de l’Agoudat Israël
qui prône l’opposition au ralliement de groupes non orthodoxes,
a été abandonnée quand il a été question
de la sécurité d’Israël. L’Agoudat Israël
a ainsi trouvé le moyen de participer à une manifestation de
protestation devant l’ONU contre le décernement à l’OLP
du statut d’observateur permanent.
Dans cet esprit, Moche
Sherer a toujours cité les paroles de son maître,
rav Aharon Kotler pendant la Seconde Guerre Mondiale. Quand certains ont remis
en question la promptitude de Rav Aharon Kotler à associer ses efforts à ceux
du dirigeant réformé Stephen Wise pour sauver des juifs, Rav
Aharon a rétorqué : « Je m’associerais même
au Pape si cela pouvait sauver ne serait-ce que l’ongle d’un seul
enfant juif ».
Le souci de chaque vie
juive a animé les dirigeants religieux à travers
les générations. Ceux qui ont récemment prodigué aide
et soutien à un fou dangereux qui n’a cessé de menacer
d’effacer Israël et ses cinq millions de citoyens juifs de la carte,
ont par là démontré qu’ils n’ont aucune place
dans le camp de la Torah.
Traduction et Adaptation
de Tsiporah Trom