L'Eternel parla à Moïse en disant : parle à toute l'assemblée
des enfants d'Israël et tu leur diras : vous serez saints car Je suis
Saint, Moi L'Eternel votre D-ieu [Lévitique
19:1-2]
Les premiers versets de cette parasha
servent d'introduction aux plus importants enseignements de la Torah, et
par conséquent, du Judaïsme.
Les lois fondamentales régissant les rapports entre l'homme et son prochain
sont énumérées en quelques versets, à une vitesse éclair
:
vous laisserez le coin de votre champ pour le pauvre
vous ne volerez pas, vous ne mentirez pas
vous ne mettrez pas d'obstacle devant l'aveugle et vous ne maudirez pas le
sourd
vous ne ferez pas d'injustice
tu n'iras pas colporter
tu aimeras ton prochain comme toi-même (la mitsva probablement la plus
célèbre)
En dépit de l'aspect résolument "éthique" de
nombreux commandements, ce passage de la Torah traite également de sujets "rituels".
Ce qui est peut-être le plus frappant, et en réalité caractéristique
de toute la Torah, c'est l'entrelacement de lois concernant les rapports entre
l'homme et son prochain, et de lois concernant le comportement de l'homme envers
D-ieu.
A l'inverse d'autres systèmes antiques, ne s'intéressant qu'à l'aspect "religieux" ou
exclusivement social, la particularité de la Torah est d'associer l'éthique
et le rituel, considérant qu'ils sont deux éléments indissociables
d'une même entité.
Vous craindrez votre
mère et votre père et vous observerez
Mes
Shabbats, Je suis l'Eternel votre D-ieu [Lévitique 19:3]
Ce verset évoque le respect des parents et l'observance du Shabbat.
A la fin du verset, en guise de signature, on retrouve l'expression : "Je
suis L'Eternel votre D-ieu" comme pour dire "Je suis L'Eternel qui
vous a ordonné d'observer à la fois l'éthique et le rituel".
La conclusion qui s'impose est qu'un homme qui dénigre sa responsabilité envers
son prochain commet en même temps une transgression envers D-ieu. Même
le verset "tu aimeras ton prochain comme toi-même" conclut
par "Je suis L'Eternel".
Il y a une autre leçon, peut-être plus subtile, à tirer
de cette juxtaposition de textes : D-ieu est impliqué, tout autant dans
l'éthique que dans le cultuel. Aussi, ceux qui considèrent les
enseignements moraux, cités dans ce passage de la Torah, comme les constituants
fondamentaux (voire suffisants) du judaïsme, se méprennent sur
le message enseigné. En effet, ce verset contient à la fois,
la loi morale la plus évidente, le respect des parents, ainsi que la
loi la plus "rituelle" qui soit, le respect du Shabbat, comme pour
nous dire qu'il s'agit des 2 faces d'une même pièce. Le verset
conclut par "Je suis l'Eternel", signifiant que D-ieu est impliqué aussi
dans les relations entre l'Homme et son prochain.
Les premiers versets de cette parasha
sont donc essentiels à la compréhension
du message délivré par la Torah.
Mais pourquoi était-il nécessaire de réunir toute l'assemblée
pour les enseigner? Le Midrash répond :
Pourquoi cette partie
a-t-elle été enseignée dans un rassemblement?
Pourquoi n'est-il pas écrit "Parle aux enfants d'Israël" comme
dans les autres parties de la Torah? C'est parce que tous les commandements
sont contenus en elle (dans cette partie). [Midrash Tan'houma Kedoshim parag.
3].
On remarquera que les Dix Commandements
allient également le rituel
et l'éthique. Le Talmud insiste sur ce point dans le passage suivant
:
Lorsque le Saint-béni soit-Il a dit : "Je suis..., Tu n'auras pas
d'autres..." les nations du monde ont dit : "Il prêche pour
sa propre exaltation". Mais quand Il a dit : "Honore ton père
et ta mère", ils sont revenus (sur leur propos) et ont apprécié la
vérité contenue dans les premiers. [Kidoushine 31a]
Selon cette approche, les premiers
commandements n'ont pas eu d'impact positif sur les nations du monde, peut-être parce qu'ils exigeaient une reconnaissance,
un respect et une obéissance à D-ieu. Or ce comportement, les
nations l'avaient déjà envers leurs dieux. Mais quand D-ieu a
commencé à exiger de l'homme un comportement moral dans sa relation
avec son prochain, les nations ont compris qu'elles devaient reconsidérer
leurs jugements sur les premiers commandements.
COMMENT ETRE SAINT
Le
commandement d'être saint semble difficile à accomplir. Comment
un être limité, faillible, "humain" dirait-on, peut-il
devenir "saint". Avant tout, qu'est-ce que la sainteté?
Les commentaires nous enseignent
que sainteté se traduit par "séparation".
Rashi, citant le Midrash, enseigne que nous devons nous séparer, nous
préserver, tout particulièrement des interdits sexuels. Avec
cette lecture, Rashi établit un lien logique avec la parasha précédente,
a'haré mote, qui conclut avec une liste de relations interdites.
Na'hmanide interprète différemment le mot "saint" de
notre verset. Selon lui, il s'agit d'éviter l'excès d'une façon
générale. Ramban nous explique qu'il faut se tenir à l'écart
des choses qui ne sont pas explicitement interdites, des choses qui respectent
la lettre, mais vont à l'encontre de l'esprit de la loi Juive.
Dans les deux cas, aussi bien pour
Rashi que pour Ramban, il nous est demandé d'être
saint, d'être séparé. Pourquoi? La Torah donne une raison "...parce
que Moi, L'Eternel votre D-ieu, Je suis Saint". Mais, si la sainteté est
un attribut Divin, notre question se repose : comment l'homme peut-il l'atteindre?
Le Kotzker Rebbe disait :
Comment l'homme peut-il être saint? Uniquement parce que "Moi,
l'Eternel, votre D-ieu, Je suis Saint" [Shem Mishmouel Vayikra page 277]
Le Shem Mishmouel, petit-fils du
Kotzker Rebbe, explique l'enseignement de son grand-père de la façon suivante : l'homme peut devenir saint
car l'homme a été créé à l'image de D-ieu.
Chaque personne possède une âme différente, et contient
donc une parcelle de sainteté.
Cette analyse nous permet de comprendre
pourquoi cette exigence de sainteté a été ordonnée
après avoir réuni toute l'assemblée. Il fallait que le
peuple retienne non seulement le chemin qui permet à l'homme d'atteindre
la sainteté (la notion de séparation, de différence, se
tenir à l'écart de la faute, mais aussi de l'excès) mais
qu'il comprenne également que le contexte (le rassemblement) dans lequel
cette loi a été ordonnée est fondamental. Il contient
peut-être l'essentiel du message : la sainteté est quelque chose
qui appartient à la communauté juive dans sa collectivité.
Si "saint" veut dire "séparé", on pourrait être
amené à penser que pour être saint, il faille aller vivre
dans les lieux les plus désertiques pour méditer et se tenir
loin des hommes et du monde. Voilà pourquoi ce passage a été enseigné publiquement,
pour nous faire comprendre que la sainteté se trouve dans la communauté.
AIMER SON PROCHAIN, AIMER D-IEU
Cette analyse permet d'avoir un nouvel éclairage sur le célèbre
passage talmudique où un candidat à la conversion demande à Hillel
de lui enseigner toute la Torah pendant qu'il se tient sur un pied.
(A une autre occasion), un païen est venu devant Shamaï et lui a
dit "convertis-moi à condition que tu m'enseignes la Torah tout
entière pendant que je tiens sur un pied". Sur ce, il l'a renvoyé avec
le bâton qu'il tenait dans la main. Lorsqu'il (le païen) s'est présenté devant
Hillel, il (Hillel) lui dit : "ce qui t'est détestable ne le fais
pas à ton prochain : c'est là toute la Torah, le reste n'est
que commentaire, va et étudie la". [Shabbat31a]
La traduction araméenne que donne Hillel du verset "aime ton prochain
comme toi-même" se trouve dans le Targoum Yeroushalmi. L'explication
de Rashi semble étrange :
"
Ce qui t'est détestable ne le fais pas à ton prochain" :
n'abandonne pas ton ami ni l'ami de ton père (Proverbes 27). Ceci se
réfère à D-ieu. Ne transgresse pas Ses Paroles car tu
détestes que ton ami transgresse tes paroles. [Rashi Shabbat 31a]
Selon Rashi, l'ami qu'il ne faut pas maltraiter n'est autre que D-ieu Lui-même!
Hillel, selon cette analyse, avait réellement à l'esprit la Torah
tout entière, l'éthique et le rituel, les relations entre l'homme
et son prochain autant que les relations entre l'homme et D-ieu.
On s'aperçoit ainsi que la ligne de démarcation
entre ces deux types de lois n'est pas aussi large que nous aurions pu le
penser.
L'amour du prochain inclut l'amour
de D-ieu; l'amour de D-ieu inclut l'amour du prochain. Je dois être saint parce que D-ieu est Saint. Etre Saint
signifie être séparé; pour devenir saint, je dois aimer
mon prochain. En aimant mon prochain, je manifeste mon amour pour D-ieu.
On comprend mieux pourquoi, la loi
juive demande d'abord d'accepter le commandement d'aimer son prochain comme
soi-même avant de s'adresser à D-ieu
dans la prière.
L'HISTOIRE DE DEUX AMIS
Aimer son prochain permet à la Shekhina (Pésence Divine)
de rester dans ce monde, comme l'illustre le Midrash suivant.
(Note : ce midrash est relativement long et se retrouve dans deux sources avec
quelques variantes. Otzar midrashim page 319 et yalkout meam loez, Vayikra
page210. La version suivante en est une paraphrase).
C'est l'histoire de deux amis unis
par une amitié profonde. Mais les
guerres et différents évènements avaient séparé,
malgré eux, ces deux amis pendant de longues années. Un jour,
l'un des deux apprit où vivait son ami. Il décida d'entreprendre
le voyage pour lui rendre visite.
Malheureusement, leurs pays respectifs étaient en guerre. Des rumeurs,
concernant le but réel de la venue de cet étranger, commencèrent à se
répandre. Rapidement, il fut arrêté et accusé d'espionnage.
Il fut jugé coupable et condamné par le roi lui-même à la
peine de mort.
L'homme demanda au roi de lui accorder un dernier souhait.
"
Quel est ton souhait?" lui demanda le roi.
L'homme répondit qu'il était un important homme d'affaires dans
son pays. Sa notoriété lui permettait de conclure ses affaires
par une simple poignée de main. En fait, il avait accumulé une
petite fortune, mais il avait prêté la majeure partie de cet argent
sans contrats. Il demanda au roi de lui permettre un dernier voyage chez lui,
pour régler ses affaires et dire au revoir à sa famille. Sinon,
le roi non seulement le condamnait à mort, mais condamnait également
ses enfants à une vie de pauvreté.
Le roi ne le crut pas : "comment puis-je être sûr que tu vas
revenir? Quelle garantie peux-tu m'offrir?"
L'homme répondit qu'il avait un très bon ami qui vivait dans
cette ville, et qu'il était sûr que cet homme accepterait de prendre
sa place dans la cellule des condamnés à mort, jusqu'à son
retour. L'ami en question fut convoqué.
"
Prendrais-tu la place de ton ami?" lui demanda-t-il. "Tu es conscient
que s'il ne revient pas, c'est ta tête qui roulera sur le sol".
L'homme accepta. "Après tout," dit-il "à quoi
servent les amis?"
Le roi était curieux de voir si l'homme allait vraiment revenir et lui
permit donc de s'en aller en lui précisant que l'exécution aurait
lieu dans trente jours. Le jour "J" l'homme n'était toujours
pas revenu, alors le roi donna l'ordre à ses gardes d'amener l'ami et
de le décapiter. Ils amenèrent l'homme, posèrent sa tête
sur la pierre d'exécution, et au moment où la lame allait descendre,
on entendit un murmure venant de la foule. Le bourreau reçut l'ordre
d'attendre. L'homme était enfin de retour.
Il se dirigea avec courage vers
le bourreau, saisit l'épée et
dit : "Je suis là et prêt à accepter mon destin".
Son ami se leva, saisit à son tour l'épée et dit : "Tu
es en retard, tu devais revenir ce matin. Puisque tu n'es pas revenu comme
prévu, c'est moi qui dois être exécuté".
L'ami répondit : "Mais c'est moi qui suis accusé d'espionnage,
c'est moi qui suis condamné à mort".
Le roi assistait à la dispute et fit taire les deux hommes : "Aucun
de vous deux ne mourra, mais à une condition".
Les deux amis regardèrent le roi et lui dirent : "Quelle est cette
condition?"
Le roi répondit :"Que je puisse devenir votre troisième
ami".
Le yalkout Méam Loez rapporte cette histoire pour nous enseigner le
sens du verset "tu aimeras ton prochain comme toi-même, Je suis
L'Eternel". Le message de cette histoire est profond : si un homme est
capable d'aimer sincèrement son prochain, D-ieu promet en retour d'aimer
ces deux personnes et d'être leur partenaire à jamais, leur troisième
ami.
Les commandements qui concernent
les rapports entre l'homme et son prochain incluent également D-ieu. On peut maintenant comprendre pourquoi "la
haine gratuite" a causé la destruction du Temple. Lorsque nous
agissons avec amour envers notre prochain, nous amenons la Shekhina dans ce
monde; la haine entre les hommes repousse la Shekhina de ce monde.
SHAATNEZ
Revenons au texte de la Torah. Après avoir enseigné l'amour du
prochain, quel est le sujet suivant?
Quel sujet aborder après cela? Quel commandement peut atteindre la beauté de
ce qui vient d'être enseigné? N'est-ce pas là, comme l'ont
dit Hillel et Rabbi Akiva, le fondement de toute la Torah? Est-il nécessaire
et même possible de rajouter quelque chose? Mais voilà, nous ne
sommes qu'au milieu du livre du Lévitique et la Torah a d'autres enseignements à nous
offrir.
Mes décrets vous observerez; ton bétail tu ne le feras pas s'accoupler
avec une autre espèce; ton champ, tu ne planteras pas de graines mélangées
et un vêtement de shaatnez (laine et lin) ne viendra pas sur toi. [Lévitique
19:19]
Ce verset vient comme une douche
froide. Le changement est soudain et brutal. De l'amour du prochain, le plus
haut niveau de l'éthique, nous nous
retrouvons brutalement confrontés à un rite mystérieux,
l'interdiction de mélanger la laine et le lin (sha-atnez), un commandement
dont la signification et la raison nous échappent.
Toutefois, une analyse plus profonde
peut nous révéler le lien
qui existe entre ces deux commandements (l'amour du prochain et shaatnez) :
comme nous l'avons précédemment expliqué, être saint
signifie être séparé. Préserver la séparation,
la distinction des espèces, c'est enseigner la sainteté. Finalement,
le thème abordé n'est pas aussi éloigné que nous
l'avions imaginé.
Le Gaon de Vilna dans son commentaire
du "Sifra Deztenouta" (chapitre
4) explique, du point de vue mystique, l'origine de l'interdiction de mélanger
le lin et la laine.
Abel était berger, tondait les moutons, tandis que Caïn travaillait
le terre, semait les graines. Le meurtre commis par Caïn est à l'origine
de l'interdiction de mélanger le lin et la laine! Caïn a été le
premier être humain à ne pas aimer son prochain comme lui-même.
Sa faute a eu de terribles répercussions. Il fallait désormais
plus de sainteté dans le monde, plus de séparation, plus de reconnaissance
en l'existence de l'autre, accepter des réalités différentes
(animale et végétale).
Si Caïn avait perçu la parcelle de D-ieu qui se trouvait en Abel,
il ne l'aurait jamais tué. Il devait penser qu'Abel n'était pas
indispensable. Il n'a pas compris que l'image de D-ieu qui se trouve en chacun
de nous est unique, et que toutes ces étincelles divines doivent être
réunies pour que l'humanité atteigne la sainteté.
Par conséquent, un nouveau type de séparation devait être
introduit dans le monde pour nous rappeler le terrible crime de Cain. Les lois
concernant la séparation des espèces sont donc énoncées,
naturellement, logiquement, juste après le commandement "tu aimeras
ton prochain comme toi-même".
LA DIFFICULTE D'AIMER SON PROCHAIN
Aimer son prochain est l'un des principes fondamentaux du judaïsme, mais
l'accomplissement de cette mitsva semble impossible. Combien de personnes réussissent-elles à aimer
leur prochain? Combien de personnes aiment-elles leur prochain comme elles-mêmes?
Ce noble commandement, semble n'être qu'un doux rêve, une utopie,
malheureusement inapplicable, un commandement au-delà de la nature humaine.
(Voir Ramban sur ce verset dans Vayikra, et Tosfot Sanhédrine 45a "Bror
lo Mita yafa").
Rabbi 'Haïm Vital , dans une discussion sur l'importance du mariage, écrit
:
En épousant une femme, l'homme accomplit toutes les mitsvot, acquiert
la vie dans ce monde et dans le monde futur... car (lorsqu'un homme se marie)
toutes ses fautes sont pardonnées et il se préserve de fautes
(supplémentaires).... la raison d'être de l'homme est de trouver
une épouse. De plus, il doit avoir des enfants, les circoncire et les
racheter, leur enseigner la Torah et le service de D-ieu.... Ainsi, il accomplira
toutes les mitsvot, car s'il aime son épouse comme lui-même, il
accomplira la mitsva d'aimer son prochain comme soi-même, qui inclut
toutes les mitsvot comme cela est indiqué dans le Talmud... S'il observe
cette mitsva, c'est comme s'il avait accompli la Torah tout entière. [Likouté Torah
parashat Ekev]
Certes, la plupart des commentateurs
estiment cette mitsva comme essentielle, mais Rabbi 'Haïm Vittal va plus loin. Il considère qu'accomplir
cette mitsva, c'est accomplir la Torah tout entière. Si l'on arrive à aimer
autrui comme soi-même, ne serait-ce qu'une seule personne, alors cela équivaut à accomplir
toute la Torah!
AIMER SON EPOUSE
Ceci explique la difficulté, exprimée par tant de commentateurs,
quant à la réalisation de ce commandement. Je ne peux peut-être
pas aimer tout le monde comme moi-même, mais aimer totalement, sans réserve,
ne serait-ce qu'une personne, constitue en soi une révolution spirituelle.
Cela implique l'ébranlement des murs de l'égoïsme, du
nombrilisme et du narcissisme. Seule une personne capable d'agir ainsi, peut
se rapprocher
de D-ieu.
L'homme qui se construit tout seul,
travaille souvent pour son propre "créateur",
c'est-à-dire pour lui-même, et non pour D-ieu. Seule une personne
qui réalise son insuffisance, peut tendre vers le divin. Celui qui ressent
de l'amour pour son épouse et apprécie tout ce qu'elle fait pour
lui, est prêt à aimer D-ieu également.
Cette idée, que le mariage est une expression de l'amour du prochain,
se retrouve dans les bénédictions récitées sous
la 'houpa.
Puisses-Tu réjouir d'une immense joie ces êtres qui s'aiment,
comme jadis Tu as réjoui Tes créatures dans le Jardin d'Eden.
Bénis sois-Tu Eternel qui réjouit le fiancé et la fiancée. [Ketouvot 8a]
L'expression utilisée pour désigner ces "êtres qui
s'aiment" est Ré'im ahouvim, un écho frappant de véahavta
léré'akha, "tu aimeras ton prochain". Rashi explique
que l'expression "le fiancé et la fiancée" symbolise
l'amour du prochain. (Rashi Ketouvot 8a, cette connexion est soulignée
par Zouriel dans Bet Yi'hezkal page 30).
BOUCLER LA BOUCLE
Nous voyons maintenant que cet aspect de l'amour entre un mari et sa femme
n'est pas simplement un aspect du mariage. Cette relation d'amour constitue
la base de toute la personnalité spirituelle, et devient le moyen
par lequel une personne peut atteindre le plus haut niveau de l'accomplissement
religieux.
La bénédiction, en se référant à "tes
créatures dans le Jardin d'Eden", nous apporte un enseignement
supplémentaire.
A Eden, Adam et Eve ont été créés comme un seul être.
La séparation qui a suivi était temporaire L'homme retrouve cette
unité lorsqu'il se réunit avec son âme soeur. De la même
façon, l'âme de l'homme a pour origine le souffle de D-ieu, et
la plénitude spirituelle est atteinte lorsque l'homme ne fait qu'un
avec son créateur, tout comme lorsqu'il ne fait qu'un avec son épouse.
Seul un amour total pour D-ieu permet
de retrouver cette unité. Le
mariage devient alors le chemin permettant la connexion entre l'homme et D-ieu.
Les relations entre l'homme et son épouse et entre l'homme et D-ieu,
s'entrelacent, chacune permettant à l'autre d'exister.
Aucune de ces relations n'est complète, intègre,
totale sans l'autre.
Rabbi Akiva commentait
: "quand un mari et une femme sont méritants,
la Shekhina les maintient (les unit), lorsqu'ils ne sont pas méritants,
le feu les consume. [Sotah 17a]
Puisse D-ieu nous
compter parmi ceux qui aiment le peuple Juif et D-ieu. Comme il est
dit (Zohar) : "Le
peuple Juif et D-ieu font un" [Min'hat 'hinoukh
dans son commentaire sur le commandement d'aimer son prochain, Mitsva 243:2].