Harold marchait dans une ruelle
sombre, lorsqu’il fut soudainement confronté à deux hommes
masqués portant des armes. Craignant pour sa vie, Harold tendit ses mains
vers le Ciel et commença à prier, «D.ieu, sauve-moi, je
t’en prie sauve-moi ! Je ferai tout pour Toi D.ieu - J’irai à
la synagogue tous les jours, je ferai ce voyage en Israël que j’aurais
dû faire depuis longtemps, et je donnerai la moitié de mes revenus
aux œuvres charitables !»
A ce moment, une voiture de police apparut dans la ruelle, et les deux brutes
prirent la fuite. Harold regarda le Ciel et dit, «Ne t’en fais
pas, D.ieu, je m'en suis occupé moi-même !»
L’ESSENCE DE LA PRIERE
La Paracha de Tsav (Lévitique [Vayikra] 7: 11-15) décrit comment
le fait d’apporter des offrandes au Temple à Jérusalem était
le moyen principal de se lier à D.ieu. Aujourd’hui, cependant, notre
lien essentiel passe par le moyen de la prière. (Par exemple, les offices
de Cha’harit et Min’ha correspondent aux offrandes
du matin et de l’après-midi appelés "Tamid".)
Chaque Juif est son propre Temple en miniature. Aucun intermédiaire n’est
nécessaire.
Alors que D.ieu répond à toutes les prières, parfois la réponse
est «Non». Nous pouvons formuler une demande inappropriée sans
en être conscient. Un parent responsable ne va pas prêter les clés
de sa voiture à un adolescent qui n’est pas encore capable de la
conduire. Tout l’argent du monde ne ferait pas changer l’opinion d’un
parent responsable.
Lorsque nous prions, nous nous demandons, «Que dois-je changer en moi-même pour obtenir ce que j’attends vraiment de la vie ?»
Mais la prière est une opportunité
de dépasser ces limites. Le terme hébreu pour la prière "le-hit-pallel"
provient de la racine "pallel," qui signifie inspecter. Le
préfixe "le-hit" est la forme pronominale - dénotant
une action qui s’applique à soi-même. Ainsi, le-hit-pallel,
est un acte d’introspection personnelle. Lorsque nous prions, nous regardons
notre intériorité et demandons, «Que dois-je changer en
moi-même pour obtenir ce que j’attends vraiment de la vie ?»
Ce processus de transformation de soi signifie qu’aujourd’hui je ne
dois plus être la même personne à qui D.ieu avait dit «Non»
la veille.
Parfois nous n’apprécions la valeur d’une chose que lorsqu’elle
nous a été retirée. Quand nous avons eu la grippe et que
nous avons guéri, nous apprécions ce que veut dire être en
bonne santé. Mais nous ne devrions pas tomber malade dans le but d’apprécier
ce qu’est être en bonne santé !
Les Sages affirment qu’un moyen pour garantir une bonne santé est
de réciter "Acher Yatzar" avec sincérité.
"Acher Yatzar" est la bénédiction que les Juifs
disent, croyez-le ou pas, après les toilettes (voir aussi notre article
Une bénédiction pour chaque chose, http://www.lamed.fr/judaisme/Priere/1666.asp
). Nous remercions D.ieu pour avoir créé notre corps avec un réseau
extraordinairement complexe de conduits et de tuyaux. Et nous reconnaissons que
si un d’eux venait à se rompre ou à se boucher, nous ne pourrions
pas survivre très longtemps. Dire cette bénédiction avec
sincérité affirme notre gratitude d’être en bonne santé.
Nous pouvons apprendre la leçon d’une chose sans faire l’expérience
de son absence.
APPRECIER LES CADEAUX
Si la prière est dite uniquement pour notre bénéfice, alors
pourquoi la prière juive commence-t-elle toujours par une louange envers
D.ieu ?
Un des buts de cette louange est de nous sensibiliser à la capacité
impressionnante de D.ieu d’aider. Nous prenons le temps de reconnaître
et d’apprécier tout ce qu’Il fait pour nous.
Et Il fait tellement ! Nous savons que nos parents nous aiment grâce à
tout ce qu’ils nous ont donné ; alors ô combien D.ieu, qui
nous a donné des présents de valeur infiniment plus grande. Si une
personne vous faisait recouvrer la vue, imaginez la gratitude que vous ressentiriez.
De même, D.ieu nous a donné des yeux, des oreilles, l’intelligence
- la vie elle-même. Cette connaissance que le Tout-Puissant peut tout faire
est ce qui, en fin de compte, nous donne la force et nous pousse au delà
de nos limites.
C’est pourquoi lorsqu’un Juif prie le matin, il commence avec les
bénédictions de gratitude pour la vue, la mobilité, la conscience
et la liberté. Elles éveillent notre reconnaissance pour tous les
cadeaux que D.ieu nous a octroyés et nous rappellent à quel point
D.ieu nous aime. Lorsque nous apprécions ce que nous avons, D.ieu voudra
nous donner encore plus.
La situation est identique entre un parent et un enfant. Si je donne à
ma fille un nouveau jouet, et qu’elle l’empoigne sans vraiment l’apprécier,
alors, comme un parent responsable, je ne lui donnerais plus d’autres jouets
jusqu’à ce qu’elle apprécie ce qu’elle possède
déjà ! Nous pouvons comprendre que le fils d’un milliardaire
soit trop gâté si ses parents lui donnaient tout ce qu’il désire
sans jamais avoir travaillé pour cela.
Il en est de même pour notre relation avec D.ieu. Il peut, de façon
certaine, nous donner tout ce dont nous avons besoin ; l’Eternel est infiniment
plus riche et puissant que le plus grand des milliardaires. Mais puisque D.ieu
préserve nos intérêts, Il veut que nous grandissions et que
nous le méritions afin de grandir encore.
TELLEMENT DE NOURRITURE EN SI PEU DE TEMPS
La Paracha de Tsav parle du Korban Todah, l’offrande de remerciement
apportée à Jérusalem par toute personne qui survit à
une situation dangereuse - par exemple un accouchement, la guérison d’une
maladie grave, arriver sain et sauf d’un voyage maritime. Cette offrande
de remerciement consiste en quarante miches de pain, que la personne mange au
sein d’un repas festif pour commémorer sa rémission ou son
sauvetage.
Le Talmud note deux caractéristiques inhabituelles d’offrandes de
remerciements qui se distinguent des autres offrandes similaires : a) Cela implique
une énorme quantité de nourriture - 40 miches, et b) toutes les
miches doivent être consommées en un temps extrêmement court
- moins de 24 heures. De façon évidente, la personne qui apporte
cette offrande ne pourra jamais ingurgiter tant de nourriture en un laps de temps
aussi court ! Alors pourquoi la Torah prescrit-elle cette exigence ?
La réponse est que la Torah veut créer une situation par laquelle
une personne non seulement appréciera sa chance, mais partagera également
son sentiment avec les autres. Avec toute cette nourriture à consommer,
il sera bien obligé d’inviter sa famille et ses amis à partager
l’histoire du danger dont il a été sauvé.
Aujourd’hui, en l’absence du Beit Hamikdash (Temple), nous
récitons des bénédictions de reconnaissance (Birkat HaGomel)
à la synagogue suite à la lecture de la Torah.
Rendre publique la protection Divine est, pour nous, la façon de renforcer
notre lien et notre croyance. C’est l’essence du Kidouch Hachem,
la sanctification publique du Nom de D.ieu. Après l’avènement
du Machia’h (Messie) et le perfectionnement du monde, il n’y
aura plus besoin d’apporter des offrandes d’expiation, parce que les
gens ne fauteront plus. Cependant il y aura toujours des offrandes de gratitude,
car le besoin qu’a l’homme d’exprimer sa gratitude est éternel.
FAIRE LA SOURDE OREILLE AUX PARASITAGES
Si vous voulez construire une relation avec D.ieu, vous aurez besoin d’un
cadre pour cette relation. Vendredi soir est un bon moment pour réduire
les parasites extérieurs et vous connecter avec votre intériorité.
Ne regardez pas la télévision et n’écoutez pas la radio
(et si vous être intrépides, débranchez votre téléphone!)
Vous pouvez inviter quelques amis, préparer une belle table, allumer les
bougies de chabbath, et jouir d’être coupé du monde.
Il en va de même pour la prière : toute relation est construite autour
d’une communication, provenant du fond du coeur. D.ieu aspire à nous
donner la satisfaction liée à cette connexion. Le Talmud précise
que D.ieu a rendu Sarah, Rébecca et Rachel stériles, afin qu’elles
se tournent vers Lui à travers leurs prières. Vous pouvez prier
dans n’importe quelle langue. A voix haute.
Traduction et Adaptation de José Cohen.