Un homme qui fait un vœu, doit le respecter : « Tout ce qui sortira de sa bouche, il le réalisera » (Nombres 30 :3). La Torah met ici l’accent sur l’importance de la parole. L’homme doit veiller à respecter sa parole.

Ce passage a été enseigné à l’approche de l’entrée en Israël. Les Hébreux sont sur le point de franchir le Jourdain pour entrer en terre sainte.

Un Midrash enseigne que trois enseignements ont été dits lorsque les Hébreux étaient prêts à entrer en Israël. Il s’agit des vœux, des règles concernant l’héritage et des villes de refuge.

On peut comprendre que le passage concernant les héritages est particulièrement lié à l’entrée en Israël, puisqu’il s’agit de déterminer qui va hériter quoi en Israël. De même, les villes de refuge. Celles-ci devaient se trouver en Israël, ainsi qu’au-delà du Jourdain. On comprend qu’elles aient été enseignées à ce moment.

Seulement, quel est le rapport entre les vœux et l’entrée en terre Sainte. Pourquoi fallait-il absolument que le passage des vœux soit enseigné à l’approche de l’entrée en Israël ?

En fait, les Hébreux ont vécu dans le désert pendant quarante ans. Là, ils vécurent de façon spirituelle, déconnectés du monde matériel. Ils furent accompagnés de multiples miracles. La Manne tombait du Ciel, un puits les accompagnait, ils étaient entourés de nuées de gloire qui les protégeaient des ennemis, du soleil, des bêtes féroces… Ils pouvaient consacrer tout leur temps à étudier la Torah, par l’intermédiaire de Moïse, sans se préoccuper de problèmes physiques.

Mais, les voilà à présent, prêts à entrer en Israël. Dès lors, cette vie idyllique cessera. Ils devront à présent travailler la terre pour manger. La Manne ainsi que tous les miracles cesseront. Ils pénétreront un monde naturel, où la matérialité existe et où la vie est régie par l’ordre de la nature.

La traversée du Jourdain et l’entrée en Israël représentent la jonction entre le spirituel et le matériel, entre une vie surnaturelle et un monde naturel. Les Juifs devaient franchir le cap et passer d’un monde à l’autre.

Seulement, comment peut s’opérer ce passage ? D’où les Hébreux tireront cette force pour opérer la jonction entre ces deux extrêmes ?

C’est là qu’intervient la notion de parole. L’homme détient en lui-même cet aspect de jonction entre le matériel et le spirituel. L’homme est formé d’une âme et d’un corps. L’âme est entièrement spirituelle et le corps n’est que matière. Et ces deux extrêmes cohabitent ensemble pour former un homme.

Il existe une activité où ces deux aspects se rencontrent et se joignent. C’est à travers la parole. D’une part, la parole s’opère par des organes physiques, relevant du corps, telles que la bouche, la langue, les dents, la gorge. En cela, la parole est une activité physique. Mais cela ne peut suffire pour parler. Car, la parole ne fait qu’exprimer et révéler une pensée. Sans pensée, il n’y a pas de parole. En cela, la parole relève aussi de l’âme, de la pensée, de l’esprit.

Nous voyons que la parole, c’est bien la jonction entre le corps et l’âme, entre le matériel et le spirituel. C’est par elle que s’opère le passage entre l’un et l’autre. L’esprit de la personne peut être matérialisé et transmis de façon physique.

L’entrée en Israël, qui consiste justement à passer d’un monde spirituel à un monde matériel, ne pouvait s’opérer qu’à travers la parole.

C’est là que la Torah déclare : « Il ne profanera pas sa parole, car tout ce qui sortira de sa bouche, il l’accomplira ». La Torah fait état du passage des vœux, mettant l’accent sur l’importance de respecter la parole.

A présent, on comprend mieux pourquoi ce passage devait être dit à l’approche de l’entrée en Israël. Car c’est par le respect de la parole, qui opère la jonction entre esprit et matière, que pourra se réaliser l’entrée en Israël, ce fameux passage entre un monde spirituel et un monde matériel.

D’ailleurs, cette notion se retrouve également pour chaque personne. Le Talmud au traité Nidda enseigne que lorsque le bébé est dans le ventre de sa mère, un ange lui apprend la Torah. Sa vie est donc, là aussi, spirituelle. La naissance du bébé, c'est-à-dire l’accouchement, représente, en ce sens, le passage entre un monde spirituel et notre monde matériel. C’est pourquoi, nos Sages rapportent qu’à la naissance, un ange vient frapper la bouche du nouveau né pour lui faire oublier tout ce qu’il a appris. Car l’organe qui représente le passage entre ces deux mondes, c’est la bouche, organe de la parole.

Ce développement peut aussi expliquer pourquoi Moïse ne pouvait pas entrer en Israël. Il devait mourir dans le désert.

Nous avons vu que l’entrée en Israël consiste en un passage entre le spirituel et le matériel. Cela doit se retrouver en l’homme. Celui-ci doit aussi retrouver un passage entre l’esprit et la matière, c’est à dire entre son âme et son corps. Et cela se réalise à travers la parole.

Seulement, chez Moïse, ce niveau là de jonction faisait défaut. Cela se traduisait par le fait qu’il avait « la bouche pesante, et la langue embarrassée » (Exode 4 :10). Moïse avait des difficultés à parler. Cette parole qui est justement l’élément qui fait la jonction entre le corps et l’âme. Mais, Moïse était si élevé que son corps et son âme étaient en quelque sorte « détachés ».

C’est également en s’amendant au niveau de la parole, en corrigeant toutes les fautes qui s’y rattachent telles que le mensonge, et surtout la médisance que l’on méritera, avec l’aide de D.ieu, de revenir en Israël, dans notre terre, avec la venue du Machia’h, Amen.