Dès le premier verset de la Torah, on apprend que D.ieu a créé l’univers. “Créé” est exprimé en hébreu par le mot bara ayant pour signification création ex nihilo, une création à partir du néant total. Avant que D.ieu ne crée l’univers, il n’y avait absolument aucune autre existence hormis D.ieu; ni temps, ni espace,
ni paradis, ni anges, ni Monde futur, rien. La Genèse est le commencement
absolu.
En adoptant ce modèle de la création, on en déduit logiquement
que les axiomes fondamentaux suivants, sur lesquels se fondent les religions
monothéistes, sont vrais:
1. Un univers créé à partir du néant absolu, à un
moment donné, doit obligatoirement avoir comme créateur un D.ieu
intelligent. D.ieu est Tout puissant, ce qui veut dire qu’aucune force
externe n’a le pouvoir de programmer aucune de Ses actions. Il a dû,
dès lors, prendre la décision de créer l’univers,
pour ainsi dire, à la suite d’un processus de réflexion.
Et ceci nécessite une intelligence.
2. Si D.ieu est intelligent, il s’ensuit que cette création a
un but. Même des créatures d’intelligence limitée
comme les êtres humains ne seraient pas prêtes à investir
la moindre énergie dans des entreprises inutiles. Si D.ieu est intelligent,
Il l’est par définition de façon illimitée. Qu’Il
ait créé un monde entier sans avoir à l’esprit un
dessein intelligent est inconcevable.
3. Par conséquent, puisque D.ieu a créé l’univers,
non seulement Il prend soin de ce qui s’y passe mais également
le dirige. Que D.ieu n’ait pas réussi à accomplir ce qu’Il
avait l’intention de faire, est tout à fait inimaginable. Un univers
doté d’un projet se doit d’être guidé afin
qu’il mène à terme les buts que D.ieu lui a assignés.
La Tora spécifie clairement que, pour réaliser le projet divin
de création du monde, il faut établir une relation avec l’homme.
Il est donc nécessaire que les êtres humains possèdent
la faculté innée de reconnaître et d’admettre que
D.ieu est leur Créateur afin de garantir l’exécution de
Son objectif.
Cependant, de nombreux philosophes et scientifiques, certains d’entre
eux étant ou ayant été parmi les plus brillants qui aient
jamais existé, ont consacré une part importante de leur réflexions
les plus profondes aux origines de l’univers et n’ont pas réussi à découvrir
le D.ieu intelligent et bienveillant décrit dans le premier chapitre
de la Genèse. Pourquoi D.ieu n’a-t-il pas créé un
univers prouvant explicitement Son existence à des êtres humains
intelligents qui l’étudient?
TIKOUN OLAM
D.ieu a créé délibérément le monde de cette manière, parce qu’Il veut que, nous, les être humains, complétions Sa création en la réparant!
Un univers qui masque la présence de son créateur est incomplet
et, dans un sens, comme brisé. D.ieu est parfait; comment le travail
de Ses mains ne pourrait-il pas répondre à Sa volonté?
Pour expliquer cet apparent défaut de conception, la tradition juive
propose une idée particulièrement remarquable. D.ieu a créé délibérément
le monde de cette manière, parce qu’Il veut que, nous, les être
humains, complétions Sa création en la réparant!
Approfondissons un peu plus ce sujet! Qu'est-ce qu'on entend par un monde
qui cacherait D.ieu? Il ne s'agit pas des constellations, des étoiles
ou des planètes. En fait, l'étude des phénomènes
physiques a conduit la science à conclure à un acte de création
qui fut d'un niveau remarquable. D’après la plus récente
théorie, l’univers aurait été créé de
rien, il y a environ quinze milliards d’années, lors d’une
explosion d’énergie appelée le Big Bang.
Ainsi, ce n’est pas la façon dont le monde a été fait
qui cache la présence divine. C’est la manière dont il
fonctionne qui rend difficile de trouver le Créateur intelligent décrit
dans la Genèse. La profusion du mal et le manque de justice sont les
phénomènes qui occultent la présence divine. Personne
excepté Dame Nature semble en avoir la charge. On a de la peine à conclure
qu’une conscience intelligente et morale dirige le monde alors que les
méchants prospèrent et vivent jusqu’à un âge
avancé et que les justes meurent souvent relativement jeunes et éprouvent
peines et souffrances durant leur existence.
Il n’est pas pensable qu’un D.ieu juste et miséricordieux autorise l’énorme injustice, dont nous sommes témoins.
Il n’est pas pensable qu’un D.ieu juste et miséricordieux
qui a créé le monde avec le désir d’exprimer Sa
bienveillance et qui, à l’origine, était activement impliqué dans
sa direction, autorise l’énorme injustice, dont nous sommes témoins
dans notre vie de tous les jours, à perdurer. S’il y a un D.ieu,
on est enclin aisément à convenir qu’Il ne doit être
rien de plus qu’une Source première dépourvue de bienveillance,
complètement détachée du monde qu’Il a créé.
En d’autres termes, la faute n’en revient pas à la manière
dont D.ieu a créé l’univers. Celui-ci proclame en effet
que c’est pour un observateur intelligent qu’il l’a été.
La difficulté de discerner D.ieu vient de la manière dont Il
dirige notre monde. Et l’impression que le monde est “brisé” résulte
de l’apparente indifférence de D.ieu.
Mais nous prenons le problème à l'envers. Le monde semble avoir été brisé afin
que nous assumions la tâche de le réparer. Ce sont nos prières
qui nous en fournissent le moyen.
MODELE EXISTENTIEL
On doit trouver D.ieu, sans pour cela être frappé sur la tête par Sa présence écrasante.
C’est parce que D.ieu a accordé à l’homme le libre
arbitre qu’Il accepte que Son univers apparaisse “cassé”.
Seul ce monde cruel, hostile, où les plus aptes survivent, répond à ce
critère. Dans un monde où le mal n’existerait pas, qui
fonctionnerait selon les règles strictes de la justice et de la morale,
ce serait comme si tout le monde était forcé d'avoir le plaisir
de sentir l'odeur du café en se réveillant. Le libre arbitre
n’est possible que si D.ieu laisse aux hommes le loisir de faire ce qui
leur plaît. Eviter de faire le mal doit être un choix et non pas
en raison du fait que cela n’est pas rentable. On doit trouver D.ieu,
sans pour cela être frappé sur la tête par Sa présence écrasante.
Il est plus facile d’apprécier comment D.ieu peut simultanément
diriger le monde et cependant tolérer l’existence du mal si l’on étudie
le problème de manière existentielle et à partir de son
composant humain.
Si l’on est un Juif traditionnel typique, on croit que sa vie est “micro-contrôlée” par
la Présence divine. D.ieu a décidé à quel moment
nous mettre au monde, a déterminé quels aptitudes et quels talents
nous accorder à notre naissance, a décidé quel type de
parents et combien de frères et de sœurs nous aurons et dans quel
environnement socio-économique nous vivrons. C’est D.ieu Qui sélectionne
l’école où nous irons et fixe nos amis. Tous ces faits
et toutes ces données qui déterminent notre potentiel et forgent
notre caractère, c’est D.ieu qui les a décidés et
les a prescrits. Nous n’y prenons pratiquement aucune part. Au moment
où l’on atteint l'âge adulte et où l’on acquiert
le contrôle de sa vie, on est une personne entièrement formée
et, de toute évidence, ce sont les décisions de D.ieu qui ont
fait de nous ce que nous sommes.
Que nous reste-t-il à faire? Où se trouve notre contribution à notre
développement, en quoi sommes-nous plus qu’un simple jouet dont
D.ieu remonte le mécanisme? La réponse est évidente. C’est
en exerçant son libre arbitre tout au long de sa vie d’adulte
pour s’attacher à D.ieu ou bien pour s’en détacher.
La personne que D.ieu a créée et développée est
complète sous tous les aspects à l’exception de ce point
capital. C’est une création divine mais qui est encore sans attaches.
Ce lien à D.ieu est notre unique contribution et il ne peut être établi
que selon notre libre arbitre.
Les mitsvot (613 commandements de la Torah) sont le chemin révélé par
D.ieu qui transforment l’être humain en création divine.
Plus on consacre sa vie à s’attacher à D.ieu et à observer
les mitsvot, moins on commet de mal et plus on apporte de bien au monde.
C’est cette vérité existentielle que le concept de Tikoun
HaOlam, réparation du monde, adopte pour l’appliquer à l’univers.
Dans un monde relié à D.ieu par la prière, aucun mal et
aucune souffrance ne seront infligés à qui que ce soit. Si, de
nos jours, l'univers produit essentiellement le mal, cela est dû au fait
que l'humanité n'a pas encore achevé le processus qui doit l'attacher
de nouveau à D.ieu par le biais de la prière.
COMMENT REPARER L’UNIVERS?
Car, quand on prie D.ieu, Il nous répond et exaucent nos prières.
La connexion entre la prière et la réponse démontre qu’il
y a bien une conscience morale qui dirige le monde. Lorsque D.ieu répond à nos
prières et passe outre aux effets que les lois naturelles devraient,
selon nous, produire, Son intervention est la preuve qu’Il veille sur
nous et qu’Il participe directement à nos affaires.
Pour illustrer ces faits, on peut citer une étude remarquable qui n’a
pas d’explication médicale logique. Des malades atteints de cancer,
pour qui des personnes prient, même s’ils ne les connaissent pas
et même s’ils ne savent pas que quelqu’un prie pour eux,
recouvrent la santé selon un taux très supérieur à celui
prévu par les statistiques. La prière et sa réponse divine
ouvrent le canal de communication qui répare l’apparent défaut
de conception de l’univers.
Quand on prie D.ieu, on reconnaît en Lui son statut de Créateur
bénévole et résolu. On pénètre sous Son
voile et on insiste pour attacher de nouveau l’univers à son créateur;
on demande qu’Il réaffirme Son autorité. On Lui dit: “Je
sais que c'est Toi qui est derrière tout ça. Je sais qu’en
dépit de l’aspect qu’a le monde, Tu le diriges. Aussi, s’il
Te plaît, réponds à ma prière et prouve clairement
ce fait.”
Si, malgré tous Ses efforts de dissimulation, on parvenait à découvrir
D.ieu de toute façon et à Lui demander de réparer l’univers
cassé, cette politique, dont le but est de nous accorder le libre arbitre,
serait insoutenable. D.ieu n’aurait plus alors aucune justification morale
pour la poursuivre. Si l'on échouait à révéler
Sa présence à ce moment-là, cela constituerait une aussi
grande violation du libre arbitre de l'homme que ne l'aurait fait une révélation
trop prématurée.
Car, de même que D.ieu ne S’autorise pas à nous obliger à voir
la vérité, de même Il ne peut nous contraindre à vivre
dans le mensonge une fois qu’on a découvert la vérité.
Si nous Le prions, Il doit cesser de Se cacher et nous démontrer Sa
présence en réparant le monde et en répondant à nos
prières. Il doit déclarer ouvertement qu’Il est exactement
le type de créateur que Lui-même a décrit dans la Genèse.
(1)
Mais cela n’arrivera que si nous assumons notre rôle et prions
D.ieu. C’est alors seulement que nous pourrons rectifier le monde. Dans
le cas contraire, la présence divine continuera à être
cachée et l’univers ne parviendra pas à justifier le but
de sa création. On aura perdu l’occasion de réparer l’univers
de D.ieu. Quoi que nous puissions accomplir d'autre, nous n'égalerons
jamais la gloire perdue.
(1) La puissance de la conscience humaine
La position des Juifs de nos jours est, somme toute, enviable; la proposition
selon laquelle la prière peut changer le monde nous est beaucoup plus
facile à accepter que cela ne l’était pour les Juifs du
passé. Alors, la science rejetait cette idée taxée d’absurde
en s’appuyant sur la plupart des faits rapportés par l’histoire.
Mais désormais, c’est cette même physique qui apparaît
réellement rétrograde. Les théories scientifiques les
plus avancées font du pouvoir de la conscience humaine un des composants
fondamentaux de la réalité.
D’éminents physiciens se consacrant à l’étude
de la mécanqiue quantique ont en fait démontré la véracité de
cette proposition. Un des principaux groupes de physiciens affirment que ce
qu’on observe en tant que réalité n’est déterminé que
par la conscience humaine. (Ecole de Copenhague) Celle-ci est nécessaire
pour “mesurer” l’état quantique et éliminer
l’infinité de réalités qui sont toutes également
possibles. Le fait surprenant que la physique et la métaphysique sont
en train rapidement de converger, vient corroborer de manière extraordinaire
la thèse, avancée il y a longtemps par la Kabbale (Zohar, Vol
1,5a), selon laquelle D.ieu a consulté la Torah quand Il a créé l’univers.
En tout cas, cette théorie de la physique fournit une explication très
satisfaisante sur la manière dont nos prières opèrent.
Celles-ci “mesurent” l’état quantique; en priant,
on choisit une des réalités spécifiques parmi un nombre
infini de possibilités, tout comme le maintiennent les physiciens. La
prière ne rattache pas seulement l’univers à D.ieu mais
elle établit la re-connexion en fonction des choses pour lesquelles
nous prions. Parmi une infinité d’univers possibles, c’est
l’univers contenant la réponse à nos prières qui émerge
comme réalité quantique “mesurée”.
Traduction et adaptation de Claude Krasetzki