Dans la Paracha de Bamidbar, il est dit que : « D.ieu parla à Moïse, dans le désert de Sinaï dans la tente d’assignation… ». Alors, D.ieu demanda à Moïse de compter tout le peuple Juif, par tribu.

Généralement, la Torah n’indique pas le lieu où D.ieu s’adresse à Moïse. Pourquoi donc ici la Torah a tenu à préciser le lieu : « dans le désert de Sinaï, dans la tente d’assignation ».

Puis, la Torah précise que Aharon a aussi participé au dénombrement. Pourquoi cela ? D.ieu n’a ordonné qu’à Moïse de compter. Et surtout, quel est l’objectif de ce recensement ?

Enfin, en lisant le texte, on s’apercevra que le recensement a été répété à douze reprises.
Par douze fois, on trouve répété le verset : « Les descendants de la tribu de untel étant classés selon leur origine, leurs familles et leurs maisons paternelles, d’après le compte des noms de tous les hommes âgés de vingt ans et plus, aptes à sortir en guerre. Les recensés dans la tribu de untel s’élevèrent à… ».

Ainsi, la Torah s’étend longuement au lieu de dire directement le nombre de personnes par tribu. Pourquoi cela ?

En fait, la Torah veut insister sur la valeur de chaque individu. Chacun est différent et de fait, a une mission qui lui est particulière. Nos Sages disent que : « De même que chaque visage est différent, ainsi les idées de chacun sont différentes ». Chaque personne a un but qui lui est propre et qui ne se retrouve pas chez les autres. Il est impossible de généraliser. C’est pourquoi, la Torah répète le dénombrement pour chaque tribu, et ne se contente pas de donner le nombre général de tout Israël. Car, il faut insister sur la particularité de chacun. Chaque individu a une mission spécifique qui le distingue de tous les autres, et de ce point de vue, tous les Juifs ne peuvent être englobés, car chacun a son apport spécifique dans la communauté.

Le Zohar dit qu’il existe deux notions qui se complètent. Il s’agit de la Torah et du service de D.ieu. Le peuple Juif n’est complet que s’il dispose les deux. La Torah et le Service de Dieu sont la base et les armes du peuple Juif. C’est donc seulement après avoir établi la base que l’on peut alors compter les soldats. C’est donc après le don de la Torah et après la fabrication du Tabernacle lieu représentant le service de D.ieu, que l’on peut alors compter les Juifs. Car une fois ces deux aspects établis, une fois la Torah donnée et le Service institué, le compte des soldats peut s’effectuer.

Mais en réalité, l’exploitation que fera chacun dans ces deux domaines lui sera tout spécifique car chacun a un travail particulier. Chaque Juif doit œuvrer dans ces deux domaines, en fonction de ses propres aptitudes et par rapport à sa spécificité et sa particularité.

Compter les Juifs signifie donner la force pour que chacun, à son niveau, mène à bien sa mission.

Ce compte a lieu après le don de la Torah et l’élaboration du Tabernacle, c’est à dire, après que la mission générale ait été définie. A présent, chacun doit exploiter ses facultés en fonction de ces deux domaines, et le dénombrement doit l’aider à mener à bien cette mission.

C’est pourquoi, la Torah introduit ce compte par la mention explicite du lieu : « dans le désert de Sinaï, dans la tente d’assignation ».

Le désert évoque la Torah qui fut justement donnée dans ce désert de Sinaï. Et la tente d’assignation, quant à elle, c’est le Tabernacle. En précisant ces deux lieux, la Torah veut montrer que ce compte découle justement de la Torah et du Service de D.ieu que caractérisent ces deux lieux.

Ces deux aspects doivent aussi se retrouver chez ceux qui établissent le compte. C’est pourquoi, ce furent Moïse et Aharon qui devaient s’en occuper. Moïse représente la Torah. C’est lui qui a fait descendre la Torah et qui est chargé de l’enseigner. Et Aharon c’est le représentant du Tabernacle, c’est celui qui est chargé d’y exécuter le service de D.ieu, puisqu’il est le grand prêtre.

C’est seulement lorsque les deux étaient réunis, qu’il purent compter et ainsi, révéler à chaque personne recensée sa mission particulière dans ces deux grands domaines que sont la Torah et le Service.

La Paracha de Bamidbar se caractérise bien par la mission positive qui incombe à chacun. Il s’agit d’exploiter son potentiel pour se renforcer dans les deux grands domaines de la religion, dans sa base même. Le but recherché est de faire le bien en se renforçant dans les deux domaines.

C’est peut-être pour cela aussi que la Paracha de Bamidbar tombe toujours le Chabbat qui précède Chavouot. Car il s’agit d’une préparation adéquate au don de la Torah. D’une part, reconnaître l’apport et l’intérêt de chacun, mais d’un autre côté, œuvrer dans une direction commune, dans le cadre de l’étude et du service de D.ieu.