A la fin de la Paracha de A’Haré Moth (Lév. 18 : 6-27), ainsi qu’à la fin de Kedochim (Lév. 20 : 10-21) la Torah énumère toutes les relations interdites. Et dans ces deux sections, la Torah conclut par la promesse que si vous vous gardez de toutes ces abominations, « la Terre ne vous rejettera pas » (Lév. 18 : 28 et Lév. 20 : 22).

La Torah a mis ici en avant le rapport entre la possession de la Terre Sainte et le respect de la sainteté des relations intimes.

Lorsque D.ieu s’est adressé à Abraham pour contracter avec lui l’alliance de la circoncision, Il lui annonce qu’en contrepartie de cette alliance, « Je donnerai à toi et à tes descendants après toi, la terre de ta résidence, le pays de Canaan » (Genèse 17 : 8).

Ici, la Torah a mis en valeur un lien entre le commandement de la circoncision et la terre d’Israël, de sorte que la circoncision est une condition à la possession de la terre.

Or on sait bien que la sainteté de l’alliance de la Milah (circoncision) doit être préservée et c’est par la transgression des relations interdites que l’on souille cette alliance. La Torah insiste bien pour établir que la condition préalable à la possession de la Terre Sainte, c’est le maintien de l’alliance de la Milah, et par extrapolation, le respect des unions illicites. Mais, quel est le rapport entre ces deux notions ?

Le Maharal, explique que la Milah est le commandement surnaturel par excellence. D.ieu a voulu que dans la chair des Juifs soit gravé une empreinte relevant du surnaturel. Naturellement, l’homme naît incirconcis et la Torah demande à l’homme de dépasser sa nature et de se circoncire. De plus, c’est un commandement qui est réalisé dans la souffrance physique et va donc à contre courant avec la nature. Cette idée va être explicité par la suite. C’est d’ailleurs pour cela que la circoncision est réalisée le huitième jour. Traditionnellement, le chiffre sept représente la perfection du monde physique et naturel. C’est ainsi que la semaine, renfermant le cycle de notre monde naturel, dure 7 jours. Mais le chiffre qui qualifie la dimension surnaturelle est le huit, qui dépasse le sept de la nature. En tant que relevant de la dimension surnaturelle, la Milah est réalisée le huitième jour.

De la même façon, la particularité de la terre sainte par rapport aux autres terres, c’est qu’elle relève du surnaturel. La Torah donne des directives particulières concernant la terre d’Israël telles que la jachère, le jubilé, la dîme, le prélèvement pour le prêtre. Toutes ces lois d’ordre pratique gèrent la Terre Sainte. C’est que la terre d’Israël est un pays où la nature doit être maîtrisée et transcendée. La terre, qui représente l’aspect naturel, est totalement gérée par les instructions divines.

Cet aspect se retrouve également par rapport à la conquête de la terre. Sept peuples y résidaient. Le peuple Juif était chargé de les expulser et de conquérir cette terre. Le chiffre sept est le symbole du monde naturel. Et justement, ces sept nations qui se partageaient la terre sainte, devaient être maîtrisées et battues, pour y installer le « régime » du huit, du surnaturel. C’est que l’objectif de la conquête d’Israël est de faire d’un certain territoire soumis aux règles de la nature, un lieu transcendant ces lois. Il s’agit d’en faire une demeure pour D.ieu.

L’endroit le plus sacré d’Israël, c’est Jérusalem. Et le Temple était le lieu le plus élevé de Jérusalem. C’est donc l’endroit qui est censé représenter la terre sainte. Nous savons que dix miracles étaient réalisés dans les environs du Temple et dans ce lieu. Ceci montre bien que la terre d’Israël est une terre miraculeuse.

Mais, l’être humain étant limité et soumis à la nature, ne peut entrer en relation avec la terre sainte que par l’intermédiaire de l’alliance de la Milah. Grâce à elle, le Juif pourra se transcender et atteindre une certaine relation avec le surnaturel, puisque la Milah est la Mitsva surnaturelle par excellence. Le moyen de mériter et de prendre possession de la terre sainte et d’intégrer un monde dépassant le naturel, c’est de pratiquer la Mitsva de la Milah.

Mais un homme qui cède à ses tentations naturelles pour donner libre cours à ses pulsions, transgressant ainsi les relations interdites pour satisfaire ses désirs naturels, profane par là l’alliance de la Milah, se rétablissant sous l’ordre de la nature qu’il ne parvient pas à transcender. Une telle personne ne peut pas vraiment avoir d’appartenance avec la Terre Sainte, Terre qui s’obtient par un effort de maîtrise de soi et de sa nature.

C’est ainsi que si les Juifs souillent l’alliance de la Milah, alors la terre d’Israël les rejettera et les repoussera, comme nous le laisse entendre notre Paracha.

On peut dire que le moyen de pérenniser la vie dans la terre sainte, c’est le respect de l’alliance sainte. Si cette terre est sainte, c’est justement par rapport à cette idée de maîtrise de ses penchants. Rachi (sur Lév. 19 : 2) explique que la sainteté se trouve justement lorsque l’on s’éloigne des unions illicites. Ainsi, l’acquisition de la Terre sainte dépend de l’acquisition de la sainteté et donc du respect de la Milah et de ses conséquences.

Plus précisément, la Milah consiste à retirer le prépuce, qui représente les forces négatives qui entourent le membre, à l’origine de l’exacerbation des désirs.

Nos Maîtres enseignent que la Milah permet de se débarrasser physiquement de la part d’impureté représentée par le prépuce, qui voile la sainteté et qui l’empêchent de s’épanouir.
Grâce à la Milah, après avoir ôté le prépuce, la sainteté de l’alliance peut ensuite se dévoiler.

Mais ce qui est valable à un niveau personnel, au niveau de l’homme, l’est aussi d’un point de vue global, au niveau du monde, à l’échelle géographique.

De même que l’homme doit réaliser la Milah de la façon décrite plus haut, il doit en être ainsi également pour le monde.

Le lieu de concentration de la sainteté dans le monde, c’est la terre d’Israël, la Terre de la sainteté.
Mais, conformément au modèle de l’homme, les forces de l’impureté, ce ‘‘prépuce’’, entourent et dissimulent cette sainteté. Le roi Salomon l’a joliment dit dans les Cantiques des cantiques : « Telle une rose parmi des ronces ». La Terre Sainte est environnée et emprisonnée par ces étaux négatifs. Ceci se traduisit par l’existence des sept peuples qui vivaient en Israël. Ces peuples idolâtres et pervers représentent ces étaux qui étouffent la sainteté de la terre d’Israël. Mais, le seul moyen de s’en débarrasser et de libérer la terre sainte de l’emprise du mal, c’est de pratiquer la Milah. De cette façon, on retire le prépuce caractérisant ce mal qui environne la sainteté.

Nous savons qu’il existe une relation profonde entre le niveau personnel et le niveau géographique puisque l’homme est un petit monde. Grâce à la réalisation de la circoncision physique, cela aboutira à la libération de la terre sainte des mauvaises forces qui l’entourent, du prépuce géographique. De cette façon, la conquête d’Israël par l’expulsion des sept peuples deviendra possible.

C’est pourquoi, la Milah est une condition nécessaire à la conquête d’Israël dans le sens où elle permet de libérer la sainteté des forces du mal qui l’emprisonnent. On peut ainsi comprendre l’affirmation du Zohar qui dit que si les arabes ont réussi à avoir une emprise sur la Terre Sainte, c’est grâce au fait qu’ils réalisent eux aussi la circoncision. Mais comme la leur n’est pas complète, leur place en Israël ne saurait être durable.

Si les Juifs respectent, préservent et veillent pleinement à la sainteté de la Milah, avec tout ce que cela implique dans la vie quotidienne au niveau de la maîtrise de ses désirs, on pourra être sûr que la Terre nous reviendra automatiquement, Amen.